L'EPOQUE
GRECQUE ET ROMAINE
La population celto-ligure, suivant en cela ses ancêtres du néolithique,
utilisait l'eau des sources relativement abondantes au pied des reliefs
collinaires entourant ce lieu de peuplement.
*
Olbia de ligurie
Ce comptoir commercial fortifié (à l'Almanarre),
fut fondée vers le 4ème siècle av J.C. par des
marins grecs venant de Massalia. Ils faisaient le commerce de vin, de
peaux, de corail et aussi de sel. Ce dernier provenait probablement
d'une exploitation empirique " des vieux salins ".
- Eau potable
Les fouilles réalisées ont permis de mettre à jour
un puit qui a été creusé vers 350 avant JC lors
de la création d'Olbia. Il a toujours une eau d'excellente qualité,
et a probablement permis d'alimenter l'ensemble de la population d'Olbia
ainsi que les thermes durant sa période d'activité. Ce
puits a un diamètre d'environ 1,50m et une profondeur de 8m (4m
de la partie supérieure sont bâtis avec des pierres et
4m ont été directement taillés dans le substrat
rocheux). Lors de son nettoyage, il a été retrouvé
des objets divers datant de l'époque grecque et romaine. Ceci
a permis aux archéologues d'en tirer des renseignements intéressants.
Il n'a été trouvé aucune trace de conduite ou canal
d'amenée d'eau potable dans l'enceinte de la cité qui
a abrité jusqu'à 1000 personnes dans des habitations toutes
identiques suivant un urbanisme régulier.
L'enceinte fortifiée primitive avait 165m de côté
avec sa porte principale située à l'Est..
- Eaux usées
Il existe par contre sous différentes rues et ruelles des caniveaux
de récupération des eaux usées entièrement
en pierre avec dalle de couverture.
* Pomponiana
Vers le 2ème siècle avant notre ère, ce sont les
romains qui établirent une station de galères à
Pomponiana (à proximité d'Olbia).
Un aqueduc a été construit à partir de la source
de San Salvadour afin d'alimenter les thermes qui se situent entre
le rivage et la route départementale actuelle comme figuré
sur le plan dressé en 1865.
Cette vie latine dura jusque vers les 5 et 6ème siècles.
Olbia-Pomponiana déclina et fut peut-être détruite
lors des grandes invasions barbares. Les habitants survivants à
cette trouble période quittèrent le bord de mer et se
réfugièrent sur les hauteurs de la colline du (futur)
château. Initialement ces points hauts étaient constitués
par de simples aménagements sur les plates-formes rocheuses.
Les fortifications étaient alors en terre et bois appelées
"mottes".
963
En 963, une charte mentionne pour la première fois le nom d'Hières
(Eyras), ses salines et ses pêcheries.
1062
En cette année, l'évêque de Rostaing et ses frères
Amiel et Gui donnèrent les églises Saint-Michel et Saint
Georges. Sur cet acte il est fait mention pour la première fois
du castrum (=ville fortifiée), appelé également
vulgairement Héras. On dira par la suite Castrum Arearum (place
forte des aires). Cet acte précise que l'église Saint
Michel voisinaient au sud avec "une source (fons) nommée
Alma Narra" ce qui situe cette église sur la colline de
Costebelle.
Ce sont les seigneurs de Fos qui édifient cette première
forteresse en pierre qui s'est progressivement constituée de
3 enceintes fortifiées. Au centre, une vaste citerne de 17m2
au sol et 7m de hauteur (84000 litres) recueille toutes les eaux de
ruissellement. La partie supérieure est voutée en plein
cintre et son étanchéité est assurée par
un mortier de tuileau (toujours visible). Dans la tour ronde au nord,
il y a un deuxième point d'eau qui abrite un puits ou une citerne.
A ce moment là, Hyères est une petite bourgade qui s'étend
au pied du château et de la chapelle Saint Pierre.
Les maisons sont construites progressivement en trois étapes
en descendant la colline. Cela donnera lieu à l'édification
de 2 murailles avec différentes portes d'accès (en plus
de celle du château). La limite de la ville haute se situe dans
l'alignement de la rue Barbacane & de l'église Saint Paul.
Pour la ville basse les limites sont l'Av. des Iles d'Or, Général
De Gaulle & Eglise Saint Louis (Porte Fenouillet & Porte Massillon).
A cette époque du début du moyen âge, les maisons
sont essentiellement constituées d'une pièce unique avec
des séparations symboliques faites de barrières, de planches
et de rideaux. Cette pièce sert à la fois aux humains
et aux animaux avec pour seule ouverture la porte d'entrée .
Si des ouvertures complémentaires sont aménagées,
elles sont fermées à l'aide de volets de bois, de toiles
cirées ou de peaux (le verre plat commencera à se répandre
à partir du XVème siècle). Des prises d'air dans
les murs sont indispensables au fonctionnement de la cheminée
qui est généralement au centre de la pièce. Les
besoins en eau de la population sont assurés à partir
de la récupération des eaux de pluie par les toitures
ou de ruissellement sur toutes les surfaces disponibles. Ces eaux sont
stockées après un filtrage sommaire dans des citernes
pour les besoins ménagers. L'eau pour la boisson est récupérée
dans des puits artésiens creusés dans les maisons, dans
les jardins lorsqu'il y en a et en dernier recours dans les puits se
situant dans la partie basse de la ville..
Avec le " tout à l'égout " dans la rue, l'eau
de ces puits est certainement souvent polluée et celle qui croupie
dans les citernes ne doit pas être de meilleur aspect.
A ce moment là, les besoins en eau sont de l'ordre de 5 à
7 litres par jour et par personne (eau de pluie et eau potable). La
population se contente d'une toilette sommaire, la vaisselle est restreinte
et les chasses de WC inconnues. Les lessives qui nécessitent
beaucoup d'eau se font le plus souvent à la rivière ou
dans les torrents urbains lorsqu'ils coulent. Ces lessives étaient
beaucoup moins fréquentes qu'aujourd'hui.
1238
Salimbene parlait d'Hyères comme d'un "castrum
grandement peuplé". Pour la grande majorité de cette
population, l'activité était essentiellement agricole,
source d'une production très diversifiée (jardins, cultures
céréalières, prés, vignes, myrte, olivaies,
figuiers).
Le règlement de police de 1238, nous révèle la
présence d'un réseau d'irrigation régulé
par des écluses. Le même règlement témoigne
de l'importance de l'élevage, car il prévoyait toute une
série d'amendes pour le non respect de règles pour faire
passer et paître les troupeaux dans un certain nombre de terrains. |
Schéma de l'enceinte
fortifiée du site Grec d'Olbia avec position du seul
puits actif dans la cité
Détail ruines des
thermes du site romain de Pomponiana
dressé en 1865 par M. De Poitevin- (zoom)
Carte ancienne mentionnant "Eres"
et les "Iles d'Eres" - (zoom)
La forteresse d'Hières
avec son immense citerne au centre & dans la tour nord -
(zoom)
Une citerne d'environ 3 m3 est aménagée
dans la paroi au fond de cette salle voutée rue St Bernard à
Hyères. Les eaux de ruissellement sur la paroi sont dirigées
vers la citerne par des entailles aménagées . (zoom)
Localisation des chapelles rurales
au XIème et XIIème siècle - (zoom)
Extrait de carte de 1727 d'Hières
sur laquelle sont figurées les salines et un passage à
travers le double tombolo - (zoom)
|
1460
La construction du Béal,
à l'initiative de Jean Natte, inaugure la longue série
des travaux destinés à apporter un complément aux
volumes limités fournis par les sources et les puits privés.
Ce canal a sa prise d'eau en dérivation du Gapeau sur l'écluse
de La Castille sur la commune de Solliès-Ville en limite de La
Crau. Celui-ci alimente dès lors les 3 moulins à eau d'Hières
(à partir de 1486).
Le Béal permet de mettre en valeur toute la zone agricole qui
se trouve sur son parcours. Au fil des années les surfaces de
terres cultivées augmentent .... et les besoins en eau aussi.
Commence alors "la guerre de l'eau" entre les "ayants
droits", ceux qui réalisent sur le canal des prises illégales
et les moulins qui a certaines périodes ne voit plus arriver
l'eau pour faire tourner leur mécanisme.
Cette eau est également utilisée pour les besoins domestiques
et la boisson après quelquefois une filtration sommaire. Une
eau "claire" est alors considérée comme "potable".
Pourtant ce canal à ciel ouvert reçoit sur son parcours
bien des objets sources de pollution !
1564
" .....
Vers 1550 peut-être, les syndics (maires et adjoints) voulurent
amener les eaux d'une source (sans doute celle de La Vierge) dans la
basse ville, afin d'alimenter une fontaine.
Mais il faut croire que les finances communales ne purent couvrir les
frais de cette création puisque en novembre 1564, nous voyons
le roi Charles IX qui venait de séjourner à Hyères
et qui voulant marquer sa bienveillance envers les Hyèrois leur
accorda 2000 livres pour "parachèvement de la fontaine de
la dite ville".
Cette première fontaine hyèroise devait être monumentale
et faire l'orgueil de nos pères. Où pouvait-elle bien
s'élever ? Dans la basse ville certainement et peut-être,
au bas de la "grand carriero" (rue Massillon), au lieu dit
: "La Fouant de La Gavouato" . Mais nous n'affirmons rien,
faute de document".
(2)
Une conduite en bois d'environ 15
cm de diamètre extérieur et 6 cm intérieur a été
découverte vers 1990 lors de terrassements réalisés
pour la construction d'immeubles à l'Est de l'avenue Victoria
(au droit de la Clinique Sainte Marguerite). L'étanchèité
se faisait bout à bout sans joint par la dilatation du bois (comme
les tonneaux pour le vin). Une piece métallique permettait de
garder les tuyaux en alignement.
"Au cours des XVI
et XVII ème siècle, la question de l'eau fut
un des grands soucis de nos édiles. Nous lisons en effet dans
un rapport de la Communauté fourni à l'administration
de la Province en 1698, que "l'eau potable, rare de tout temps,
manquait entièrement en été et le climat était
devenu si malsain que la population était décimée
chaque année par toutes espèces de maladies ; de telle
sorte qu"en 1695 des régiments de soldats ayant campés
pendant quelques mois auprès d'Hyères, l'infection de
l'air et la mauvaise qualité de l'eau potable les maltraitèrent
tellement que presque tous furent dangeureusement malades et qu'un grand
nombre moururent." . (3)
1698 (2)
".....On lit
dans un document officiel de 1698 que si la ville manque d'habitants,
la cause en est "le défaut et le manque des eaux, et principalement
pour boire, ni ayant point de puits dans toute la ville dont l'eau ne
soit tout à fait mauvaise, ce qui est cause qu'on la regarde
comme une ville sitibonde (c'est à dire assoifée) dans
laquelle on peut dire comme le prophète : "Aquam nostram
pecunia bibimers" (nous buvons notre eau à prix d'argent),
et en effet si l'on veut avoir de l'eau bonne à boire, il faut
l'aller chercher à un quart de lieu loing et au delà...."
1737 (1)
Recherche
d'eau au quartier de la Souquette (à l'Est des ruines du Vieux
Chateau)
-- le 25 août 1737
"......La communauté
a choisi de confier la recherche du lieu et le creusement d'une mine
pour trouver de l'eau à sieur Gabriel Matty, fontainier habitant
à Draguignan.....".
-- le 14 août 1738, le
contrat est rédigé en ces termes:
" ....sieur Jacques Letournel
, maire et consul de la Communauté d'une part et Gabriel Matty,
fontainier originaire du lieu de Roquevaire habitant en la ville de
Draguignan de l'autre, de leur gré ont convenu et accordé
que le G. Matty promet et s'oblige d'indiquer et trouver à la
ville Communauté des sources d'eau vive en ce terroir au quartier
de La Souquette vers le puits qui se trouve au dit quartier, capable
à pouvoir donner et fournir continuellement à la plus
grande sècheresse de l'été. ....... Le creusement
de la mine sera fait de la longueur nécessaire, d'un hauteur
de cinq pans (env. 1,25m) et d'une largeur de 3 pans et demi (env. 0,88m)......
pour la recherche et découverte des eaux de la source du puits
de La Souquette pour les fontaines que la ville a déterminé
de faire........La rémunération sera de 52 livres par
cane creusé (longueur 2,00m env.)
-- le 31 mai 1739 : extrait des délibérations du Conseil
Municipal
....."le mineur des fontaines
n'a pas trouvé d'eau. On arrête les ouvrages".
1751
Les élus de l'époque finissent par considérer
que l'eau du Béal peut comporter des risques à être
utilisée comme eau domestique et de boisson lorsque les puits
sont à sec.
En 1751, le gouvernement de la province lui-même s'émeut
du manque d'eau dont souffre la ville. L'intendant de la province, Jean-Baptiste
Gallois de la Tour propose à la communauté de faire des
fontaines avec l'eau des sources d'Hières
et de celle de La Monache qui est mélangé à cette
époque avec celle du Gapeau et du Béal. Le sieur de Selle,
propriétaire de La Castille (ou se trouve la source) s'oppose
au projet. (1)
1752
Un
contrat est signé avec les entrepreneurs le 18 novembre 1752,
afin d'amener les eaux des sources du quartier des Fontamous; la source
de La Vierge et celle de Coupiane.
Ce projet moins onéreux et ne présentant
aucune contestation conduit le 19 novembre 1752 le conseil à
renoncer "à la Monache". De plus ses membres n'ont
pas la compétence pour lire les vieux textes des archives communales
pour essayer de faire valoir leur bon droit.
L'intendant de Provence blame la décision du conseil. Le conseil
du Roy s'occupe lui-même de l'affaire et rend un arrêt à
la date du 15 janvier 1754 ordonnant de dériver les eaux de Monache
"sur laquelle la communauté d'Hières a droit en vertu
d'une transaction passée le 10 avril 1477 entre elle et le seigneur
de Solliès, pour les conduire dans le canal des Moulins"
(ou Béal)
(1).
1754
Les sources de "la Vierge" et de "La Coupiane",
situées en haut de Costebelle, sont
canalisées dans des tuyaux en poterie jusqu'à la bourgade
sur une distance d'environ 2,5 km. Les travaux sont réceptionnés
en mars 1754. Les entrepreneurs doivent une garantie de 2 ans sur les
ouvrages réalisés. Cependant les fontaines ne sont toujours
pas construites en raison de problèmes de terrassement.
Le 17 mars 1754, le Conseil de Ville, fort de l'arrêté
du 15 janvier, ordonne de procéder d'urgence à la dérivation
des eaux de la
source de la "Mounache"
(ou Monache) pour l'usage des fontaines dont on a un pressant besoin
en cette ville (1).
1757
Le 13 novembre 1757, les fontaines
des Récollets (place
des Palmiers), du Portalet, de la Gavotte (angle
rue Massillon/rue des Porches), des Cordeliers
(devant l'église) sont achevées
mais coulent à peine et quelques unes de façon intermittente.
Une expertise est demandée. (1)
Cela permet cependant aux habitants d'avoir un
minimum d'eau potable
. dans la partie basse de la ville au niveau
des remparts. Il faut donc remonter l'eau jusqu'aux habitations. Le
métier de "porteur d'eau" était né.
Afin de remercier l'intendant de son intervention, la fontaine du Portalet
est ornée des armes de Gallois de La Tour, sculptées dans
le marbre. (2)
1761
La conduite de La Monache, faite de borneaux en poterie est posée
en parallèle au canal du Béal. L'amenée de l'eau
se fait simplement par gravité avec sur le parcours une dizaine
de cheminées "d'évent" (dont une subsiste encore
aujourd'hui). Elle alimente 2 fontaines (une située en contrebas
de l'Hotel des Ambassadeurs et l'autre à proximité du
filtre aménagé sur le Béal).
Le profil de la conduite ne permet pas de positionner les fontaines
à un niveau supérieur.
Cette eau vient, à partir de 1761, en complément
à celle des sources de la " Source de La Vierge" et
de "La Coupiane".
Les puits publics les plus connus à cette époque sont
:
--- "le Puits Saint Pierre" au pied de la forteresse et près
de l'ancienne église paroissiale du même nom,
--- "le puits de la rue du Puits" qui fût condamné
en 1763,
--- "le Bon Puits" situé au sud-est de la place de
la Rade, au milieu de l'avenue A. Denis qui sera détruit vers
1835.
1785
Dans un extrait de presse du journal La Vie Hyèroise
n° 110 du 15/03/1936, il est indiqué que "......quand
aux sources de la Vierge et de La Coupiane, elles continuèrent
à donner leurs eaux - ou une partie - à nos fontaines
; l' entretien de leurs conduites était mis aux enchères.
Il fut adjugé en 1785 pour 4 années moyennant les gages
annuels de 150 livres".
1830
Les habitants du quartier demande
l'implantation d'une fontaine au niveau de la Porte Fenouillet. La conduite
en poterie venant de la source de La Vierge donne des signes de faiblesse
notamment sur les tronçons où passent les charettes. Ponctuellement
le plomb remplace la terre cuite sur ces tronçons particuliers
(1).
1841 (1)
Extrait de délibération du conseil municipal du 9 mai
1841 (1D1)
" .....Les tuyaux de plomb
et de poterie des conduites des fontaines sont remplacés par
des tuyaux de fonte".
1847
Le manque d'entretien de la conduite de La Monache (dépôts
de limons, fuites et obstruction par les racines) mettent en péril
son exploitation.
En été l'eau manque à nouveau car il n'existe aucun
moyen de stockage. Plusieurs démarches pour réparer et
remettre la conduite en service n'aboutissent pas.
Le 14 novembre 1847, le conseil municipal se décide de réaliser
des travaux sur la conduite. Nous ne trouvons pas trace de l'exécution
de ces travaux dans les archives.
1851
L'activité des moulins décline, ils sont progressivement
abandonnés face à concurence des minoteries.
Les disponibilités des eaux de source allant en diminuant, il
est décidé de filtrer l'eau du Béal pour la transformer
en "eau alimentaire". L'invention en 1792 du bélier
hydraulique permet d'envisager de monter l'eau dans la partie supérieure
de la ville.
Le moulin de la rue de Limans est transformé en bélier
hydraulique en 1851. Il élève l'eau du Béal, épuré
par un filtre, jusqu'au petit réservoir de la maison curiale
afin d'alimenter directement les fontaines situées en contrebas
de la place Saint Paul.
|
Tracé du Béal Jean
Natte depuis l'écluse de la Castille et les 3 moulins d'Hyères
- (zoom)
Départ du Béal en
haut à gauche de l'écluse de La Castille
Canal Jean Natte aux Arquets
à La Crau
Tour d'évent de
la conduite de La Monache qui est en parallèle au canal du
Béal
Découverte de la source
de La Monache après 100 ans de sommeil sous la végétation
Tronçon de bourneaux en
poterie retrouvé en bordure du Béal - (zoom détail)
Détail d'un joint d'emboitement
Article extrait du journal République
de 1962 relatant la vidange de la citerne - (zoom sur photo retouchée)
|
1864
En 1864, est voté le projet de l'usine
hydraulique. Celui-ci consiste en la mise en place d'une roue turbine
qui actionne deux pompes à double effets et à plongeur
qui débitent 25m3/heure. Celles-ci refoulent l'eau du Béal,
filtrée préalablement, jusqu'à la place Saint Paul
afin d'alimenter 15 bornes fontaines (ou bouches d'arrosage)
ainsi que 3 fontaines monumentales.
La conduite de refoulement initiale, qui ne résiste pas aux "coups
de bélier", est remplacée en 1869 par une conduite
en fonte salubre.
Il subsiste encore à ce jour une
fontaine de l'époque à 50 mètres
environ à droite en montant la collégiale Saint Paul (rue
Barbacane, face rue Sainte Catherine).
1870
La ville d'Hyères cherche toujours des ressources supplémentaires
pour alimenter ses fontaines durant toute l'année car en été
l'eau manque toujours. Les besoins pour la population urbaine sont estimés
à un minimum de 100m3 par jour dont environ 10m3/jour fournis
par les puits et citernes situés dans les habitations.
En 1870, la Ville est en pourparler avec le sieur BRUN pour acheter
la source Nègre à Solliès-Toucas qui est une résurgence
alimentée par une dérivation d'un barrage sur le Gapeau.
Il faut pour réaliser les travaux un décret d'utilité
publique pour "dévier" les eaux de la rivière
sur 15 km, avec un fort risque de perturber l'économie hydraulique
sur tout ce parcours (moulins divers, canaux d'irrigation etc. ) et
en plus avec aucune garantie du vendeur quant au devenir de la source.
Il est question de dévier 12 000 m3/24h dont 4 000 m3 serait
pour Hyères. La participation de la ville à ces très
importants travaux serait de 60 000 francs annuel pendant 50 ans, hors
travaux de distribution dans la ville. A ce moment là, la commune
a déjà un passif de 538 000 francs et les habitants sont
écrasés de taxes. L'opposition à ce projet s'organise
(notamment le
mémoire
de Casimir Arène de 1872). Le décret
d'utilité publique tarde à sortir.
1876
Pour résoudre enfin ce problème d'alimentation eau de
manière définitive. La Commune décide alors la
création d'un véritable réseau de distribution
publique.
Deux projets sont en conrurence. Celui de M. Brun qui projette d'amener
l'eau de la source Nègre en détournant une partie des
eaux du Gapeau depuis Solliès-Pont par une conduite de 15km de
long et celui de la Compagnie Générale des Eaux qui projette
de tirer les ressources en eaux au quartier du Père Eternel pour
sa distribution.
Lors de la réunion de
la commission municipale du 30/12/1875, celle-ci décide de
faire appel à la Compagnie Générale des Eaux. Une
convention est signé le 16 févier 1876, approuvée
par le préfet et enregistré à Hyères le
3 mai. La Compagnie Générale des Eaux s'engage à
construire le réseau et les équipements à ses frais
sur une zone urbaine définie. En quelques mois seulement, 6 km
de canalisations sont posés.
Une station de pompage, à machines à vapeur, est installée
au Quartier du Père Eternel à proximité de nouveaux
puits. Cette station a une capacité de refoulement de 1200m3/jour.
Elle peut remplir le réservoir du Paradis (capacité
400 m3, altitude 90 m) et permet ainsi d'alimenter l'ensemble
de la basse ville jusqu'au niveau de la Place de la Collégiale
Saint Paul. De très nombreuses bornes fontaines et bouches d'arrosage
sont installées dans tout ce secteur. Les besoins d'eau à
ce moment là sont d'environ 500m3/jour (y compris
l'eau pour le nettoyage des rues).
Les archives de la ville de Hyères donnent deux jalons qui permettent
de mesurer le chemin parcouru en cinquante ans. Une adjudication de
1836 de l'entretien des fontaines publiques de la ville dresse un état
détaillé des édifices existants à cette
date. Ils sont au nombre de huit, tous dans l'alignement des remparts.
En 1888, l'inventaire de la Compagnie Générale des Eaux
décompte : 19 bornes-fontaines, 4 fontaines (de
la Place République, de La Gavotte, du Portalet, des Palmiers),
7 concessions d'eau au compteur, 8 concessions d'eau à la jauge,
3 concessions d'eau à prise libre (bouches d'incendie),
6 vespasiennes et un urinoir, 4 diverses fontaines ou pompes et un abreuvoir.
Toutes ces installations sont réparties sur l'ensemble de la
Basse Ville et vont également jusqu'aux Salins d'Hyères
en passant par Saint Nicolas Mauvanne.
Suivant le contrat de concession, la ville d'Hyères continue
à utiliser le réseau de la Source de La Vierge et de La
Coupiane pour ses propres besoins. Cependant, le débit des sources
diminue progressivement. La canalisation en poterie de 200 mm, qui amène
l'eau au bassin de l'Ermitage, se détériore et s'obstrue,
la source est encombrée de dépots de sable et de vase.
L'étanchéité du bassin se dégrade également
(il est construit en pierre de taille avec des voûtes en briques
pleines).
La conduite en poterie est remplacé par une conduite en fonte
de 150mm.
1880
"La question des eaux de
la source Nègre rebondit en 1880, quand MM. Charles Van der Eest,
nouveaux propriétaires de la source, passèrent un traité
approuvé par le Préfet le 18 décembre 1880. Ce
projet n'aboutit toujours pas." (3)
1883
Un courrier du 22/02/1883 de la
Cie Générale des Eaux demande à la Mairie l'autorisation
d'utiliser l'eau de la source de La Vierge contenue dans la citerne
de l'Ermitage durant quelques semaines afin d'éviter les manques
d'eau dans la ville, suite à la rupture de la chaudière
de la machine n° 1. Cette lettre indique que la source passe en
surverse environ 500m3 par jour car elle n'est plus utilisée.
Les besoins en eau du réseau d'eau potable de la ville à
cette date sont également d'environ 500m3 par jour.
Une pompe aspirante-refoulante actionnée par une locomobile est
mise en place à la citerne de l'Ermitage. Elle refoule l'eau
dans le bassin privé de 56m3 de M. Corbett situé au quartier
de La Luquette, à l'altitude 97m (légèrement
plus haut que celui du Paradis). Des conduites de communication
sont mises en place entre les deux réseaux.
Cette alimentation provisoire durera les mois de mars et avril 1883.
1896
".....En cette année,
il est encore question de l'adduction des eaux Nègre, mais le
Préfet juge la question insoluble et l'affaire est enterrée......
(3)
Quatre fontaines continuent à
être alimentées par intermitence suivant les problèmes
d'exploitation par ce réseau spécifique appartenant à
la ville, jusqu'au début de l'année 1933. Les branchements
sur celui-ci sont supprimés suite à un courrier de la
Mairie d'Hyères du 03/01/1933. |
Plan 1864 - Coupe sur turbine
hydraulique entrainant deux pompes à pistons ainsi que l'axe
du moulin - (zoom)
Dernière fontaine d'époque
au croisement de la rue Barbacane & Sainte Catherine
Couverture du mémoire
de 1872 de Casimir ARENE
relatif à la Source Nègre
Creusement du puits de
la Cambaronne en 1896
(zoom)
Extrait de plan d'avant
1900 - le réseau d'eau potable ne va pas au dela de la place
St Paul - (zoom)
|
1932
La Municipalité, conduite
par le Docteur Léopold Jaubert, signe avec la Compagnie Générale
des Eaux un important avenant à la Convention d'origine par lequel
l'importance du réseau et des ressources sont considérablement
augmentés.
L'Usine du Père Eternel est alors équipée de pompes
à pistons entraînées par des moteurs
à huile lourde (gazole). La capacité de production est
portée à 6000 m3/jour et le premier poste de stérilisation
est installé pour traiter l'eau avant sa distribution.
Afin d'alimenter les hauts quartiers de la Ville, une usine relais est
aménagée à l'angle de la rue Saint-Esprit et Barbacane.
Elle remplit le nouveau réservoir de 500 m3 du "Château"
qui est à l'altitude 146m.
Aux Vieux Salins un réservoir régulateur
de 25 m3 est également construit afin d'assurer
une sécurité d'alimentation pour le hameau. Il est alimenté
à partir du réservoir des Grés par la conduite
en ciment de 150mm posée vers 1880. Il sert notamment au ravitaillement
en eau des navires de la marine.
Un programme de remplacement de plus de 5400 m de conduites existantes
est entrepris, avec, en plus, la pose de plus de 19 km de conduites
nouvelles.
1967
L'Usine du Père Eternel
est entièrement rénovée. La capacité de
production passe à 36.000 m3/jour. L'automatisation fait son
apparition. Six nouveaux forages situés au Golf Hôtel,
sont mis en service pour compléter les ressources tirées
des deux puits du Père Eternel.
Les risques de remontées d'eau saumâtre dans la nappe d'eau
douce par le lit du Gapeau ont conduit depuis longtemps les responsables
à édifier un barrage, dit
"anti-sel". Cet ouvrage, initialement entièrement
maçonné, a été détruit lors de la
deuxième guerre mondiale. En 1969 une digue à hauteur
variable constituée par un gros "boudin" en matière
plastique gonflable à l'eau est mise en place (barrage anti-sel).
Celui-ci s'escamote automatiquement lors des orages afin de ne pas gêner
l'écoulement optimum du Gapeau.
AUJOURD'HUI
Le réseau continental comporte aujourd'hui 320 km de conduites
et environ 900km de branchements. La topographie très accidentée,
ainsi que la très grande étendue de la Commune ont nécessité
au total la construction de 12 stations de pompage qui remplissent 15
réservoirs d'une capacité totale de 24000 m3. Toutes ces
installations sont surveillées en permanence par un réseau
de télécontrôle. Tous les renseignements sont traités
par l'ordinateur central de l'Usine du Père Eternel, ce qui permet
un rendement optimum des installations et une détection rapide
des anomalies éventuelles.
Un service de permanence assure toutes les urgences.
L'importance des infrastructures s'explique aussi, en partie, par l'accroissement
de la population en période estivale. La Commune passe ainsi
de 50000 à 150000 habitants environ. Le triplement des besoins
( jusqu'à 29000 m3/j. en 2003) et le souci permanent de ne pas
surexploiter la nappe phréatique du Gapeau ont conduit à
demander un apport complémentaire au Syndicat Intercommunal des
Communes de la Région Est de Toulon, à partir des réserves
constituées par les retenues du Trapan et de Carcès.
L'usine des Maurettes (au dessus du lotissement Mont Soleil) traite
en été (si nécessaire) l'eau brute du Canal de
Provence. Cette eau complémentaire est amenée directement
à l'usine du Père Eternel.
Toutes les eaux distribuées à partir de cette usine sont
traitées au chlore gazeux et la qualité de l'eau est constamment
surveillée par le Laboratoire Municipal de Toulon.
Il est à noter que 553 ans après sa construction, Le Béal
Jean Natte existe encore, sur la totalité de son parcours initial.
Il est toujours utilisé pour l'irrigation ..... et sert aussi
de pluvial lors des orages. |
Pompes à pistons entainées
par moteur à huile lourde
Pose de conduite 125 Bonna
au pont
de La Vilette en 1926 - (zoom)
Salle des pompes Usine du Père
Eternel en 1967
Barrage anti-sel sur le Gapeau
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