La citerne de l'Ermitage

SON IMPLANTATION

-- La citerne de l'Ermitage (également appelé "Bassin de La Vierge") est implantée à l'ouest du 201 avenue de La Font des Horts au droit de la station de pompage de La Luquette.

SES CARACTERISTIQUES
-- De forme carrée de 30,80 mètres de côté à l'intérieur,
-- Parois en pierre de taille de 60 cm d'épaisseur dans la partie supérieure,
-- 16 piliers en pierre de taille de 1 mètre de côté supportent les voutes en briques de terre cuite de la partie centrale,
-- 16 demi-piliers encastrés dans les parois périphériques,
-- 4 quart de piliers dans les angles,
-- 7,50 mètres de hauteur intérieur totale sous voute,
-- 6,50 mètres de hauteur d'eau au niveau de la surverse,

-- Capacité d'environ 6000 m3,
-- Puits latéral de 3,00m de diamètre et 8,50m de profondeur avec galerie de départ de 41,00m de long jusqu'à l'avenue de La Font des Horts.
-- Alimentée à l'origine par une conduite en poterie de 120mm de diamètre, en dérivation de celle existante en bordure du Chemin des Fontaines. Niveau d'arrivée de la conduite dans la citerne à 59,46m.

SON HISTOIRE
Les sources de La Vierge et de La Coupiane qui alimentent les fontaines de la ville sont en " prise directe " sur celles-ci. Il n'y a donc aucun moyen de stockage et l'eau coule jour et nuit en toute période. En été lorsque les sources diminuent ou tarissent, la population est rationnée et boit alors toutes les eaux disponibles avec les risques que cela comporte.
Le Conseil Municipal présidé alors par Alphonse de Boutiny, calcula qu'il suffisait de trouver un apport de 40 mètres cubes par jour pour satisfaire les besoins de tous. Il pensa qu'il suffisait d'emmagasiner dans une citerne durant l'hiver l'excédent de débit de la source de La Vierge. Celle-ci débitait en hiver environ 400 m3 par jour à ce moment là.

Un extrait d'article du journal "La Vie Hyèroise" (n° 100 du 15 mars 1936) nous apporte les précisions suivantes :
".....Une enquête publique avait été ouverte sur l'opportunité de la construction du réservoir des eaux de la Vierge en 1862 et la plupart des Hyèrois qui y avaient pris par s'étaient déclarés contre le projet. Pourquoi ? parce que la question des eaux paraissait présenter alors une solution plus avantageuse : c'est l'adduction des eaux de la source Nègre qui passionna l'opinion hyéroise durant quinze ans......"
(Nous aborderons l'histoire de cette source dans un autre chapitre).

Le Conseil Municipal vota le 20 juillet 1862 un projet de citerne pouvant retenir 6000 mètres cube d'eau suivant une étude réalisée par M. Trotobas (architecte) dont le devis estimatif du 10 mai 1862 s'élevait à la somme de 65 000 francs. En l'absence de plan détaillé, nous allons utiliser les renseignements quantitatifs afin d'essayer de remonter le puzzle de la construction de la citerne.

LES TRAVAUX
*** Descriptif du projet
Le descriptif du projet, retrouvé aux archives municipales nous apporte les indications suivantes :
"Le but du projet est la construction d'une citerne au quartier de la Source des Fontaines, devant recevoir par le fossé du trop-plein de la dites source et du bassin de la montagne des Oiseaux.
La quantité de ces eaux d'après les observations qui ont été faites pendant plusieurs hivers est au moins de 400 m3 par jour. Dés lors, il serai facile de remplir la citerne.
La construction présentera un carré de 32 mètres de côté (extérieur) sur 7,50 mètres
d'élévation, pouvant contenir environ six mille mètres cubes d'eau. Elle aura un glacis au fond et sera couverte par des voûtes soutenues par 25 piliers (en visuel il semble qu'il n'y en ait que 16 !!! ), et 24 demi-piliers (en visuel, je dirai 16+4 !!!).
Elle possèdera :
-- 1° une cabine d'entrée,
-- 2° une cabine pour prise d'eau,
-- 3° deux cheminées pour la ventilation des eaux,
-- 4° un fossé d'alimentation en maçonnerie de 45 mètres de long, lequel en amenant les eaux, les fera passer par deux bassins et un puits qui après les avoir traversés les verseront à travers une grille dans la citerne,
-- 5° une galerie en maçonnerie de 41 mètres de longueur avec gargouille,
-- 6° une tranchée de canalisation d 200 mètres et un fossé d'épuisement de 25 mètres de long.

Les fouilles seront faites à 8 mètres de profondeur sur la plus haute partie du sol à déblayer. Le niveau nécessaire sera suivi d'après les études qui ont été faites et qui est indiqué sur le plan d'état des lieux. La terre sera étayé pour prévenir les accidents et les déblais seront portés au Chemin de l'Ermitage dit de la Catade comme l'indique le chier des charges.

Les murs de la citerne seront construits en moellons calcaires, ils seront de choix et de plus fortes dimensions possibles et posés de manière à présenter la face la plus unie et à laisser le moins de joints. Ils seront pris aux carrières du quartier de La Source des Fontaines. De plus il ne sera employé dans la construction de dit murs, que la chaux hydraulique de Theils de Faverolle où de Partégal. Les murs seront abreuvés à chaque assise avec mortier de chaux hydraulique du Theil et bon sable entre la terre et la maçonnerie pour les lier et former un seul corps à quoi la nature du terrain se prête facilement, le terrain étant calcaire et compact.Les jointoyage des dits murs seront faits avec le même mortier sur la surface en suivant exactement les joints. Le glacis sera construit avec le même mortier de chaux du Theil. Les moellons seront posés également avec le même mortier. Ils subiront un fort tassement pour les faire baver par tous les joints. De plus, il sera étendu sur le dit glacis comme applanissement avec une forte couche du même mortier avec mélange de petits cailloux cassés et gravois de la mer en conservant les pentes et contrepentes pour l'écoulement vers la soupape ou robinet.
Les voutes et arcs doubleaux seront construits en briques de première qualité


*** Construction
Une convention pour la construction de la citerne a été passée par la ville avec les sieurs Achard et Martel le 18 mai 1864.
Le 1er novembre 1864, soit seulement 5 mois plus tard, l'eau de la source est déviée vers la citerne afin de réaliser les tests d'étanchéité sous la surveillance de l'architecte Trobobas. Six jours après, elle est déjà pleine de ses 6000 m3 et passe en surverse. La source est alors déviée de la citerne. En 20 jours le niveau d'eau baisse de 3 cm.
Les tests d'étanchéité se poursuivront jusqu'au 20 avril 1865, date de la mise en service du réservoir.
Un escalier de service qui permet de descendre au fond de la citerne (lorsqu'elle est vide) est composé de 35 marches (dont 28 en pierre de taille à l'intérieur de la citerne avec garde corps métallique).
Le niveau du seuil d'entrée de la citerne est à 60,38m ; le radier étant à la côte 51,95m
Un puits jouxtait la citerne côté Est à partir duquel partait une galerie de 0,80m de large et 2,20m de haut. L'extrémité de celle-ci aboutissait un peu plus bas à un regard de visite situé sur le côté Est de l'avenue de La Font des Horts. C'est à partir de ce regard que partait la conduite en direction des 5 fontaines de l'époque dont le débit global pouvait être estimé à environ 300 m3/jour. En cas d'arrêt soudain de la source cela laissait donc environ 20 jours de réserve (avec un débit continu des fontaines et avec le réservoir plein). En coupant l'écoulement durant la nuit, cela permettait de "tenir" une quarantaine de jours.
Notons pour la petite histoire que le projet évalué à 65 000 francs coûta finalement la somme de 115 000 francs !

Afin de redonner ses dimensions à la citerne, j'ai reconstitué à partir des informations ci-dessus un plan en 3 dimensions de celle-ci. ( Visite virtuelle de la citerne : Cliquez ! )

L'étanchéité du bassin se dégrade. Cela conduit à arrêter son exploitation ...... provisoire en juin 1887.

L'augmentation de la consommation et quelquefois les problèmes d'exploitation rencontrés par La Cie Générale des Eaux conduisent à continuer l'alimentation par intermitence de quatre fontaines par le réseau spécifique appartenant toujours à la ville, ainsi que quelques abonnés se trouvant sur son parcours jusqu'au début de l'année 1933. Les branchements sur celui-ci sont supprimés suite à un courrier de la Mairie d'Hyères du 03/01/1933 et reportés sur le réseau exploité par la Cie Générale des Eaux.

En 1962, la ville entreprit de faire vider la citerne afin de réaliser une inspection pour éventuellement envisager sa remise en service. Un article (ci-joint) fut écrit sur le journal "République" pour rendre compte de cet évènement.
La conclusion ne fut certainement pas concluante car la citerne retrouva ses 6000 m3 d'eau et sa tranquilité.

Ces dernières années, elle fut utilisée par le service des sports de la ville pour l'arrosage du terrain de sport de Costebelle. Après la mise place d'une pelouse synthéthique, les pompages cessèrent à nouveau.

MYSTERE !!!

-- en pleine période de sécheresse,ou les rivières et bien des puits sont à secs,
-- la conduite de la Source de la Vierge coule toujours dans la citerne bien que bouchée par des limons au départ de la source !
-- le réservoir est plein de ses 6000 m3 d'eau limpide et sans odeur.

Le 22 aôut 2005,

Il passe en surverse 1 litre toutes les 4 secondes, soit tout de même, 20000 litres par jour ! ! ! ! ! ? ? ? ? ?

Le 12 septembre 2006,

La citerne passe toujours en surverse comme en 2005 et on entend l'eau tomber du tuyau d'arrivée ! ! !

Le 11 octobre 2007,

-- Nous sommes toujours en pleine sècheresse,
-- La surverse de la citerne s'est bouchée.
-- Le niveau de l'eau a continué de monter de .... 48 cm, pour pratiquement toucher le plafond ! ! !

Le 18 octobre 2007,

-- La surverse a été nettoyée des racines et concressions calcaires qui l'obstruait. Le trop plein s'est évacué.
-- Ce jour la surverse laisse passer 1 litre toutes les 1 seconde 6/10, soit 54000 litres par jour ! ! ! et on peut entendre l'eau qui tombe dans la citerne (pour écouter l'eau qui tombe en cascade avec la résonnance des voutes -> cliquez !).


Faites un voyage dans la citerne "mystérieuse" avec nous !! Cliquez !!!


(1) Archives CGE


Implantation approximative de la citerne

 



Croquis de 1888 positionnant la citerne par rapport au puits de captage de la source avec le détail de l'ouvrage d'accés à l'intérieur du bassin, en haut à droite (voir photo ci-dessous) - (zoom) - (1)

 


Local hexagonal pour accéder à l'escalier de la citerne avant sa démolition pour construire la station de pompage de La Luquette - (zoom) - (1)

 


Local actuel permettant l'accés à la citerne en lieu et place de celui ci-dessus

 


Escaliers pour accéder à l'intérieur de la citerne

 


Article sur le journal "République" de 1962 - (1)

 


Vue intérieure de la citerne avec ses piliers en pierre de taille de 1,00m. de côté - Photo Pol (retouchée)