L'appel au secours de "la Source de La Vierge" !!!

PREAMBULE
Un ami m'a fait connaître la Source de La Vierge en 2003. Après des recherches dans les archives, j'ai raconté son histoire dans une page de mon site consacrée aux sources d' Hyères.

Lors de certaines randonnées pédestres, je lui rends visite pour la faire connaître à mes amis. A ces moments là, je suis toujours désespéré de la voir se dégrader et "mourir lentement", oubliée de tous.

Ne sachant que faire pour la sauver, j'ai voulu par l'intermédiaire de mon site, lui faire lancer "un appel au secours" au travers de la présente page.
Pour cela, j'ai imaginé de "faire parler la source" au travers d'un scénario imaginaire, mais en relatant "sa vraie histoire".
La "magie" d'internet fera t-elle "un miracle" ???

INTRODUCTION A L'HISTOIRE
Lors d'une visite de la Citerne de l'Ermitage avec mon ami Jean-Luc, nous sommes descendus au niveau de l'entrée de la citerne avec de l'eau jusque sous les aisselles. Avec notre lampe torche, nous avons éclairé le plafond en forme d'ogives ainsi que le niveau de l'eau. Là, presque à portée de main, une bouteille flottait avec son bouchon de liège. Nous avons pris quelques photos, puis à l'aide d'une perche nous sommes arrivés à attraper cette curiosité !! En l'examinant, quelle surprise ! Elle contenait un message.
Avec délicatesse, nous sommes arrivés à le sortir de la bouteille et voilà ce que nous avons lu ...........


Depuis la porte de la citerne Jean-Luc découvre l'intérieur de la citerne


Une bouteille flotte dans la citerne ! (zoom) - (1)

CONTENU DU MESSAGE

"Je suis la Source de la Vierge et je vais vous raconter ma belle histoire. Une histoire qui ne mérite pas que je meure inexorablement et que je tombe dans l'oubli.

Elle a commencé tout près de la mer il y a très longtemps, si longtemps que je ne m'en souviens plus. Je crois que ma cité s'est appelée Olbia, puis Eres, puis enfin Hyères.
Au quartier des "Fontamous" ou je suis né, je désaltérais les hommes et les animaux qui venaient me rencontrer à ma sortie de terre. Puis comme j'étais limpide et que j'avais une saveur particulière, de plus en plus de personnes se sont intéressées à moi. C'est ainsi que j'ai grandi petit à petit et qu'on s'est bien occupé de moi. Plus je donnais de l'eau et plus on me bichonnait.
Juste en dessous leur château, les habitants d'Hières vivaient dans leurs remparts et ils avaient bien du mal à avoir de l'eau bonne à boire. Celle de leurs citernes les rendait souvent malades et les trois puits communaux avaient bien du mal à satisfaire tous les habitants. C'est dans ces moments là que certains d'entre eux pensaient à moi et à ma bonne eau si désaltérante.
Vers 1550, ils envisagèrent de me "capturer" pour m'emmener jusque dans le bas de la ville. Mais ils avaient des problèmes de "sous" pour réaliser les travaux. Alors j'ai encore un peu profité de ma liberté.
On m'a raconté qu' en 1738, ils avaient essayé de creuser une mine au pied du puits de la Souquette en espérant découvrir de l'eau en abondance. Ils ne trouvèrent qu'un maigre filet d'eau, les pauvres.
Mais sous la pression de la population, en 1752, ils finirent par se remettre au travail pour s'occuper enfin de moi. Alors on me fit une belle maison afin que je ne sois pas souillé au sortir de ma colline. On me dirigea à l'intérieur de tuyaux en poterie pour me faire descendre Costebelle, traverser mon copain le Roubaud et remonter vers les fontaines des Palmiers, du Portalet, de La Gavotte (Rue Massillon/rue des Porches), et de la Place Royale (ou il y a l'église Saint Louis).
Dans ces tuyaux le voyage n'était pas trop rigolo mais en tombant dans les fontaines avec tout ces gens joyeux autour de moi, c'était vraiment agréable de se sentir tant désiré.
De temps en temps, je m'échappais un peu lorsque les tuyaux en poterie "explosaient" sous les roues des charrettes ou de la forte pression. J'allais alors retrouver mon copain le Roubaud. J'avais aussi une copine "la source de La Coupiane". Elle était venue me donner un coup de main, sur mon parcours afin de me soulager dans les moments difficiles.
Souvent les mois d'été, j'avais du mal à alimenter les fontaines. Alors là, les habitants me maudissaient de ne pas leur apporter ce bien si précieux qu'est "l'eau". Pourtant, je faisais de mon mieux !
A un moment on creusa plusieurs galeries autour de moi ainsi qu'une cheminée d'aération afin que je puisse faire des réserves pendant les périodes ou la pluie me redonnait des forces. Les mois d'été étaient bien longs et ce n'était pas suffisant.
Vers 1760, "la Source de La Monache" fit un parcours de 11 km pour m'aider également à alimenter 2 fontaines au pied des remparts. Cela faisait toujours ça de moins à fournir pour moi. Mais avec 22000 joints sur son parcours, elle était souvent malade à cause des fuites et aussi des racines qui lui faisaient des misères.
Je me retrouvais encore bien seule pour satisfaire tout le monde car la source de La Coupiane restait toute petite.
J'entendais bien parler "de la source Nègre à Solliès-Toucas qui devait venir me donner un coup de main, mais ça blaguait beaucoup et rien ne se décidait.

Alors en 1864, en seulement 5 mois, on me fit construire une associée : "le bassin de la Vierge" appelé aussi "Citerne de l'Ermitage". A là, ils avaient mis le paquet pour faire de la réserve ! Vous vous rendez compte, un ouvrage de 30 mètres de côté et 8 mètres de hauteur, tout en pierres de taille, et son plafond en ogives fait en briques rouges !!! Que c'était beau. Une vraie cathédrale hydraulique avec ses 6000 m3 d'eau ..... "de mon eau". Durant l'hiver, je ne passais plus en surverse par la porte, mais j'allais remplir ma copine la citerne. Elle était contente que je la tienne au frais et moi je pouvais un peu me reposer en attendant la période où je perdrais un peu de mes forces. De temps en temps on venait me faire une petite toilette afin d'enlever la vase qui se déposait dans ma galerie. Pour cela, il fallait descendre quelques marches afin de me rendre visite.
Mais vous savez, ces hommes, ils ont toujours besoin de plus en plus d'eau, et même avec la citerne, les fontaines finissaient par être à sec en été.

En 1876 ce fut la révolution. Enfin, pas la votre, mais la mienne ! Comme je n'arrivais plus à satisfaire la population, la collectivité décida de mettre en concurrence deux projets afin de me remplacer, mais en me gardant un peu en secours ..... au cas ou ! Il est vrai que le "progrès" avait vu l'arrivée du "bélier hydraulique", et de la "machine à vapeur" ...... vous parler d'un progrès ! Que du bruit et de la violence !! Fini l'eau qui "gazouille" et qui "chante".

C' est une société de Paris qui fut choisi. Elle creusa des puits au quartier du Père Eternel, y installa des pompes à pistons actionnées par des machines à vapeur qui remplissaient un réservoir au quartier du Paradis (c'est pas une blague).Après avoir posé beaucoup de tuyaux, elle installa des bornes fontaines en dessous la place Saint Paul et les habitants furent contents. Ils avaient l' eau presque au pied de leurs portes.
Moi j'avais toujours mon petit boulot en alimentant mes fontaines habituelles. De temps en temps lorsque la pompe à vapeur tombait en panne, on se rappelait à mon bon souvenir et j'étais toujours là pour rendre service.
En 1933, il fut décidé de me mettre à la retraite et je fus "amputé" de tous mes bras de distribution car avec tout ce qui se passait autour de moi, ils trouvèrent que j'étais malade et que je n'étais "plus potable". Les hommes savaient maintenant compter les microbes ..... encore le progrès !

En 1935, on me refit une beauté en nettoyant mon griffon en prévision de la création d'une "station hydro minérale". Il est vrai que cela me redonna de la vigueur et l'on s'intéressa à nouveau à moi. On m' envoya dans un laboratoire et l'on trouva que j'étais une "eau bicarbonatée, sulfatée, calcique et magnésienne" du plus haut intérêt. Quel charabia pour parler de moi ! Enfin j'étais, parait-il comme un mélange d'eau de "Vittel" et "d'Evian" ..... que je n'avais pas le plaisir de connaître d'ailleurs ! A partir de ce moment là, ils disait que j'étais la meilleure, la plus belle .... enfin que des compliments ! Mais "la guerre" arriva et ce beau et grand projet, tomba dans les oubliettes ......... et moi aussi d'ailleurs !!!

En 1955, j' entendis dire qu' on avait "usurpé" mon nom pour créer une usine d' embouteillage du côté .... de La Maunière. Ils firent des trous profonds dans le rocher pour capturer l' eau et la mettre dans des bouteilles en leurs donnant "mon nom". Ca me cassa le moral !

Le temps passa et on fit beaucoup de travaux autour de moi sans savoir que moi ; "la Source de La Vierge", j'étais là sous leurs pieds. Il m'arriva de plus en plus d'eaux de ruissellement qui progressivement en apportant leurs alluvions et déchets remplirent ma galerie.

En 2003, c'était l'année de la grosse sécheresse et ma galerie était à sec. Coïncidence, à ce moment là, un passionné d'histoire et d'eau finit par me retrouver au milieu des ronces. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un ........ qui en plus s'intéresse à moi. Il revint peu de temps après avec quelques copains et il leur fallut ramper pour me rendre visite. J'étais à nouveau heureuse. Ils m'observaient de tous côtés avec leurs lampes, me mesuraient, pataugeaient dans mon eau .... et ma boue ! Ils sont même venus me faire "un petit coucou" dans mon griffon. C'était "le pied" ! Puis ils sont repartis avec leurs appareils photos. la pluie bienfaitrice est revenue, ma galerie s'est remplie à nouveau et je me suis encore retrouvée toute seule.

Aujourd'hui, lors des orages, je continue à avaler malgré moi les matériaux qui m'asphyxient lentement, mais sûrement.

Pour attirer l'attention, j'entretiens "un mystère". Les tuyaux qui partent de ma galerie pour aller à la citerne sont obstrués depuis longtemps et pourtant je continue à la remplir. Même les années de forte sécheresse, elle est toujours passée en surverse. C'est presque un miracle !

Dans les cas désespérés certains envoient "une bouteille à la mer" en espérant que cela leur permettra d'être sauvé.

A ma façon, je jette cette bouteille avec mon message dans "la Citerne de l'Ermitage"; ma copine depuis longtemps. J'espère que quelqu'un entendra mon appel (2) et sera sensibilisé par "mon patrimoine historique" qui remonte à la nuit des temps.

Aura t'on envie de me sortir de l'oubli en me redonnant la vie ??? A côté de mon fidèle chêne et du fond de mon griffon je vous renvois ma lueur d'espoir !

Mes amis, n'oubliez surtout pas ...... que " l'eau c'est la vie ! "

signé : La Source de La Vierge (3)

(1) Montage photo
(2) Son original de la chute de l'eau de la source de la Vierge dans la citerne de l'Ermitage avec la résonnance des voutes, enregistré le 17/10/2007 à 30 mètres de distance
(3) Texte rédigé par Michel Augias



Illustration des remparts - Hyères Patrimoine V


Coupe horizontale et verticale sur la galerie


l'entrée de la source et son évent


la fontaine devant l'église Saint Louis


Schéma d'implantation de la source et la citerne


Reconstitution de l'intérieur de la citerne


Porte d'entrée et escaliers descendant
à la galerie de la source du temps de son exploitation


L'ancien Chemin des Fontaines de la Ville
est devenu une route qui draine les eaux pluviales


Les eaux chargées d'alluvions tombent directement
à l'entrée de la galerie de la source


Les pierres, la terre et les déchets divers bouchent inexorablement la galerie


Coupe sur la galerie schématisant les alluvions


Pour rentrer il faut ramper

Dans la boue pour accéder au griffon

Sous ces déblais, le griffon de la source

Après la pluie, l'eau sort en surverse de la galerie

Le haut de la cheminée d'aération et son chêne

Du fond du puit de captage la source
nous renvoit sa lueur d'espoir

 

L'appel au secours de "la Source de La Vierge" !!!
raconté en vidéo

avec 80 illustrations sonorisées - voix de Marie-Paule