PETIT
RAPPEL
Vers 1450, les habitants d'Hyères vivent principalement dans
la vieille ville actuelle. L'eau qu'ils utilisent provient essentiellement
de quelques puits artésiens. Ils récupèrent également
les eaux de ruissellement des toitures ainsi que toute eau qui suinte
sur les parois de rocher en sous-sol. Ils stockent ces
dernieres dans des citernes
creusées à même le rocher,
dans les caves de leurs habitations. Le mélange des eaux et
le mauvais stockage occasionnent souvent des fièvres typhoïdes
car à cette époque, on ne connaît pas les microbes
et pour chacun, une eau " limpide " et sans odeur est une " eau potable
".
Dans la plaine les paysans doivent difficilement extraire l'eau des
puits pour arroser les plantations dans les jardins potagers qui sont
alors principalement des légumineuses (pois chiches, fèves,
haricots ...) ainsi que des céréales (blé, orge
...).
L'eau la plus proche disponible en abondance (sauf
sècheresse) est donc le Gapeau à 5 km de là
environ. Les moulins 1er
et 2ème sont à peu près à la même
distance.
SON
HISTOIRE
Certains d'entre vous ont probablement
entendu parlé du "Canal Jean Natte" ou "du
Béal" , d'autres ont aperçu
ce canal sur certaines parties de son tronçon et se sont demandé
à quoi il pouvait bien servir......aujourd'hui .... comme hier
d'ailleurs !
Pour reprendre le fil
de son histoire, nous devons remonter..."à la fin du Moyen
âge".
**
La naissance du projet
En effet c'est vers 1455 (période de Charles
le Téméraire), que Louis Rodulph de LIMANS, citoyen
d'HIERES, imagine de détourner partiellement les eaux du Gapeau
afin de les conduire "jusque dans la ville", au pied de ses murailles.
L'objectif est de faire tourner des moulins à grains et d'avoir
de l'eau pour les différents besoins de la population.
Lors d'un voyage dans le village du LUC, il fait connaissance de Jean
NATTE (qui est ingénieur civil) et il lui expose son projet.
Après étude de la topographie des lieux, celui-ci pense
que la mission est réalisable. Le projet semble hasardeux pour
l'époque, car il s'agit de créer un bras artificiel
du Gapeau, débutant dans le quartier rocailleux de La Crau,
de lui faire contourner le Mont Fenouillet par l'Ouest en traversant
les terres incultes situées à l'Ouest de la ville d'Hyères.
Cependant, le conseil de la communauté de la ville, "peu clairvoyant",
trouve le projet inexécutable. Il est en fait persuadé
qu'il est impossible d'amener l'eau de si loin d'Hyères.
Malgré la risée de leurs compatriotes et les difficultés
qu'une telle tâche représente, tenacement, Louis Rodulph
de LIMANS et Jean NATTE persistent dans leur vue et s'adressent directement
au Roi René qui leurs accorde aussitôt son assentiment.
Ordre est donc donné à la communauté d'Hières
de prendre en considération ce projet.
Bernard de ABISSO, capitaine et viguier de la cour royale d'Hières
réunit le 27 décembre 1458 un conseil général
extraordinaire de la communauté en présence d'une foule
nombreuse. Après exposition des faits en langue romane (vieux
provençal), Louis Rodulph de LIMANS et Jean NATTE décrivent
et argumentent les différents aspects de l'entreprise à
réaliser. Enthousiaste et quasi unanimement chacun est d'avis
pour reconnaître le bien-fondé du projet.
Le viguier souscrit entièrement aux voeux de la majorité
et propose de conclure une convention avec le maître d'oeuvre
et propose Jean Natte comme conducteur de l'eau. Les représentants
de la communauté s'inclinent devant l'assentiment vicaral...
C'est gagné !!!
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La convention
La transaction est passée entre la communauté d'Hières
et Jean Natte sous forme d'une convention le 27 décembre 1458.
Nous résumons ci-après les points essentiels contenus
dans cette convention :
-- Jean Natte est désigné comme maître d'oeuvre
pour amener l'eau au dessous des murailles de la ville.
-- Le canal fera 1 canne (de 1,94m à 1,98m environ) de largeur
et devra alimenter au moins 2 moulins pour moudre les grains de la
communauté.
-- Afin de construire le barrage à un endroit approprié,
celui ci devra être implanté environ à 500 cannes
(environ
1000 mètres) en amont de la limite d'Hyères, sur le
territoire de Solliès après accord de son seigneur.
-- La communauté s'engage à acheter le passage
de l'eau et du canal à travers toutes les propriétés
situées sur le parcours, mais
celles-ci sont souvent cédées sans autre contrepartie
que le droit d'utiliser l'eau.
-- Jean Natte et ses successeurs devront maintenir à perpétuité,
à leurs frais, le dit bras du Béal, le volume d'eau
et le barrage. Ils percevront le droit de mouture en vigueur dès
le fonctionnement des moulins.
-- Tant au-dessus qu'au-dessous des moulins, les particuliers possédants
bien (ayants droit) acqueront la faculté, l'autorité
de se servir et d'utiliser l'eau pour l'arrosage de leur(s) propriété(s)
et pour d'autres nécessités, la lessive par exemple.
-- Depuis la sortie du dernier moulin et jusqu'au Gapeau ou à
la mer, l'eau du canal sera commune (sur 4 km). Tous les habitants
pourront en user librement selon leurs besoins.
-- Le délai de construction du canal et des moulins est fixé
à 2 ans à partir du 27/12/1458. (Cela représente
donc une moyenne de 20 mètres par jour pour les 9400 mètres
+ 4000 mètres à réaliser comprenant la préparation
du terrain, le terrassement, la mise en remblais des terres, la construction
d'ouvrages sur le parcours, la création du canal de fuite après
les moulins).
La convention est rédigée
en latin par Maître Jean Giraud, notaire à Hières.
Afin que chacun en ait connaissance, elle est lue en chaire par les
curés de Saint Pierre et Saint Paul, tandis qu'un héraut,
sillonnant les artères de la cité, la proclame en différents
points. Tous les Hièrois de la ville et des quartiers en ont
donc connaissance. Chacun se dispose à exécuter les
directives du conseil de la communauté et à faciliter
la réalisation de l'entreprise.
Une traduction française est réalisée en date
du 10 mai 1859 par Jean-Marie Crozols.
**
Les accords
Afin d'augmenter le débit du Béal un accord intervient
avec le Seigneur de SOLLIES, Louis de BEAUVAU le 31 mars 1459 pour
la construction du barrage en limite de sa commune et pour que les
eaux d'écoulement des ruisseaux avoisinants, notamment Le Réalet,
soient dirigées vers le Béal. Deux sources voisines,
celles de La Monache
et de la Jonquière, sont également raccordées
sur le canal. En compensation le seigneur de Solliès, ses hériteurs
et successeurs, cultivateurs et habitants auront la faculté
de porter leur vin à travers le territoire d'Hières
"jusqu'à la mer, pour la vente, mais seulement en gros".
En avril 1477, la convention est ratifiée par le nouveau seigneur
de Solliès, Palamède de Forbin.
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Le financement du canal
--- Financement
monétaire
La communauté d'Hières s'engage à fournir à
Jean Natte une somme globale de 2000 florins pour la réalisation
de l'ouvrage.
Le paiement s'effectuera en cinq paiement inégaux :
-- 45 florins dès le 1er janvier 1459,
-- 455 florins le 1er mars 1459, lors du commencement des travaux,
-- 500 florins lorsque l'eau arrivera à l'église Saint
Gervais (territoire d'Hières),
-- 500 florins lorsque l'eau arrivera sous la ville (probablement
vers le Portalet),
-- 500 florins lorsque l'ouvrage sera entièrement réalisé.
"Ainsi les crédits de la communauté d'Hières
ne seraient versés que lorsque l'eau serait entrée dans
la ville ; bien assuré était le conseil, que la commune
ne paierait jamais, car l'eau ne pourrait jamais venir !" (mémoires
de M. Mabille)
--- Financement humain
En plus de cette importante somme, une corvée collective est
prescrite. En vue d'apporter une aide efficace au conducteur de l'eau,
la communauté d'Hières s'engage à lui fournir
quatre journées d'homme par maison habitable, soit "dous
perla vengudo, dous per la ustida", en clair deux jours pour
la venue (canal principal) et deux pour la fuite des eaux vers l'étang
du Pesquier.
La communauté autorise l'exemption de cette tâche, moyennant
le paiement de deux gros de Provence par journée.
Afin d'avoir une idée de ce que pouvait être cette
participation humaine, essayons de calculer ce que cela pouvait représenter
en supposant qu'il y avait 1000 maisons (ou feux)
- 1000 maisons x 4 journées = 4000 journées pour un
chantier estimé à 2 ans = 2000 journées par an.
- 2000 journées/300 jours de travail par an = environ 6 hommes
par jour.
Comme les travaux durèrent 20 ans au lieu de 2, initialement
prévu, il est fort probable que cette main d'oeuvre disparue
après le délai contractuel.
**
La construction du canal
En 1459, dans un premier temps, le barrage située à
l'origine du canal, est construite en bois sur piétement en
pierre. Elle détermine le point de départ du béal.
Les ouvriers représentant différentes corporations s'activent
à commencer le canal.
Initialement celui-ci est creusé directement dans la terre
comme un "ruisseau" dans les parties en déblais. Son tracé
suit donc les courbes de niveau du terrain en faisant les sinuosités
correspondantes.
Une épidémie de peste en 1461 décime une partie
de la population et la main d'oeuvre se fait rare pour faire progresser
les travaux.
Le canal a les caractéristiques suivantes :
-- Son origine se situe vers le Domaine de La
Castille à l'intersection actuelle des limites des communes
de La Crau, La Farlède, Solliès-Ville et Solliès-Pont).
-- Le niveau de départ se situe à la côte 40m.
NGF environ (Niveau Général
de la France).
-- une longueur de 9367m ( du barrage jusqu'aux 1er moulin) pour une
largeur de de 2,00m et 1,20m de hauteur env. (certains tronçons
font 2,50m x 1,00m env.)
-- Sa pente n'est que de 2,34m sur l'ensemble de son parcours pour
arriver jusqu'au moulin d'Intré soit environ 2 mm / 10 mètres
...... pour l'époque cela nous semble être un exploit
("Pages d'histoire d'Hyères" écrit par Gustave
Roux).
-- L'arrivée principale, au Moulin
d 'Intré (Rue de Limans à Hières) est au
niveau 38,00m NGF environ.
-- La distance entre le moulin d'Intré et du Mitan (du milieu)
est de 80 mètres, puis de 150 mètres pour arriver à
celui du Bas (mesures sur plan).
Sur tout son parcours les riverains doivent une servitude de passage
de 2,00m de part et d'autre du canal afin de permettre son entretien
régulier.
Il semble que le canal soit mis en eau par tronçon au fur et
à mesure de l'avancement des travaux, car ..... ils finiront
par durer presque 20 ans (au lieu de 2 initialement prévus).
Le radier du canal est initialement, simplement constitué de
terre damée.
Lorsque l'eau arrive enfin à
Hyères vers 1480,
Jean NATTE meurt et c'est son fils Pierre qui prend le relais. Il
aura donc fallu 20 ans pour que l'eau arrive à Hières;
mais les moulins ne sont pas encore construits.
Dans la ville les habitants s'impatientent car la mouture se pratique
toujours aux moulins de
La Roquette, Premier
et Second.
Pierre Natte commence alors
à avoir des difficultés financières pour terminer
l'oeuvre de son père. Il partage alors la propriété
des moulins avec Louis Rodulph de LIMANS. L'acte d'association est
rédigé le 31 janvier 1486 .
-- Pierre cède 50% du futur bénéfice des moulins,
-- Louis doit notamment construire deux maisons pouvant accueillir
chacune un moulin. Il décède vers 1487-1488. Ses héritiers
sont Catherine d'Anjou et ses fils.
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Les moulins
Après tout ces problèmes financiers les trois
moulins à blé sont enfin terminés vers 1489-1490
et peuvent commencer à travailler. Il aura donc fallu 30 ans
pour que les moulins tournent enfin !
Il semble que, devant cet accomplissement, chacun trouve son profit.
Effectivement :
--- les propriétaires des moulins tirent un revenu assez avantageux
de la mouture du grain,
--- Les industriels (menuisiers, aiguiseurs etc.) se servent de la
force motrice produite par les moulins pour leurs activités
et l'industrie du savon utilise l'eau comme matière première.
--- les paysans ont des moulins plus proches de leur champs et de
leurs habitations.
Le 24 janvier 1608, la ville,
endettée, doit vendre aux enchères, pour la somme de
3000 livres, le moulin à huile de la rue de Limans et un autre
moulin à grignon. L'acquéreur doit contribuer pour 1/3
au curage, réparation et entretien du barrage et du Béal
des moulins afin de pouvoir jouir de l'eau du dit Béal.
Devant les difficultés
financières de la ville d'Hyères, un arrêt du
Conseil d'Etat du 21 octobre 1687 ordonne à celle-ci, la liquidation
de ses créances.
Deux experts sont commis dès le 2 janvier 1688 pour procéder
à l'estimation de ses biens. Un mois après, les trois
moulins banaux, le barrage, le Béal et toutes les dépendances
sont évalués à la somme globale de 183 408 livres.
Les moulins sont aliénés en 1689.
En 1764 La communauté
rachète des portions de la propriété des moulins
et deviennent copropriétaires.
Suite à une pétition
des habitants, en 1808, un nouveau moulin est mis en service sur la
commune de La Crau au
quartier de La Panouche.
En 1863, les communes d'Hyères
(pour 4/5) et de La Crau (pour 1/5) décident d'acquérir
la totalité des moulins et du canal en achetant les
parts des 12 derniers copropriétaires au prix de 234 474 francs.
L'acte d'achat est effectif le 5 mai 1866.
Un convention est signée le 5 mai 1867 entre les deux communes
dont les points principaux sont :
--- le barrage et le canal reste en communauté au prorata des
4/5 & 1/5. Les frais relatifs à leurs entretien, réparation
ou reconstruction ainsi que le curage et le faucardage seront répartis
de la même manière.
--- La ville d'Hyères aura à sa charge tous les frais
d'entretien du Béal après les moulins,
--- Les berges et les francs-bords seront les propriétés
des deux communes,
Le moulin " d'Intré "
est abandonné vers 1866, celui " du Mitan " vers 1878 et celui
" d'En bas " vers 1880. Les moulins auront donc fonctionné
environ 280 années.
Celui de La Crau cessera son activité
vers 1940.
**
L'eau domestique
L'eau du Béal est également utilisée pour les
besoins domestiques et la boisson après quelquefois une
filtration sommaire. Une eau "claire" est alors considérée
comme "potable". Pourtant ce canal à ciel ouvert sur tout son
tronçon reçoit sur son parcours bien des objets sources
de pollution !
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L'eau d'arrosage et sa règlementation
--- Comment on en arrive à
la "règlementation"
Le Béal permet de mettre en valeur les terres jadis inexploités
qui se trouvent sur son parcours. Au fil des années les surfaces
cultivées augmentent rapidement .... et les besoins en eau
aussi.
Pour l'arrosage et le fonctionnement des moulins, il a toujours existé
des règles strictes sur les jours et heures où chacun
avait droit "à son eau".
Vers 1526, un "béalier" est nommé afin de faire respecter
les règles d'arrosage sur le parcours du canal.
Mais les tentations sont grandes et "la guerre de l'eau" commence
alors entre les "ayants droits", ceux qui réalisent sur le
canal des prises illégales et les moulins qui a certaines périodes
ne voit plus arriver l'eau pour faire tourner leur mécanisme.
Un courrier du 21 août 1740 fait état d'un manque de
pain dans la ville ..... car le manque d'eau a empêché
le fonctionnement des moulins .... qui n'ont pu moudre le blé
.... et les boulangers n'ont plus eu de farine pour faire le pain.
--- Principe de la règlementation
Face à ces litiges, au fil des années et...... des siècles,
un certain nombre de règlements d'arrosage seront élaborés
afin de définir :
------ "qui a droit à l'eau"
C'est la première chose que les experts doivent déterminer.
Il me semble que les experts qui établissent le règlement,
prennent en compte lors de leur état des lieux
(probabilités non confirmées à ce jour) :
-- les parcelles dont les propriétaires ont donné le
terrain nécessaire et la servitude de passage pour le canal
,
-- les propriétés exploitées qui sont riveraines
au Béal et qui doivent probablement payer un impôt supplémentaire
de part la plus value de leurs biens arrosables.
-- Les champs à l'abandon ne sont probablement pas pris en
compte. Lorsque les propriétaires voudront alors les mettre
en valeur, cela pourra les conduire à réaliser des "prises
illicites" sur le canal qui seront si souvent sources de litiges.
------ "de quelle manière",
En deuxième
lieu, les experts définissent la taille des espansiers qui
seront déterminés en fonction de la surface des terrains
à irriger.
On distingue :
-- le "grand" espancier d'un demi-pan de diamètre (12,5 cm),
-- le "médiocre" d'un demi-rond de pan de
diamètre (soit 6,5 cm),
-- le "petit" d'un quart de pan de diamètre (soit 3,625 cm)
------ "quel jour, quelle heure et pendant combien de temps".
En troisième lieu, il faut définir pour chacun
des ayants droits : quel jour il pourra arroser, à partir de
quelle heure et durant combien de temps. Le bût du règlement
est que ceux qui sont à l'extrémité du canal
puissent avoir suffisamment d'eau comme ceux qui sont au début.
Durant les périodes d'été, ce "principe équitable"
aura souvent du mal à être respecté.
--- Les quelques dates de différents
règlements :
------ 1570,
------ 6 août 1584.
------ 28 avril 1648,
------ 21 mars 1657
------ 1684
------ 1722
------ 1866
------ 24 février 1931
------ 13 août 1949
------ et encore bien d'autres dates !!!
Ces nouveaux règlements redéfiniront chaque fois les
trois points que nous avons décrit ci-avant. Chaque fois cela
correspondra à une augmentation de la surface d'arrosage, notamment
après l'abandon des moulins.
En 1845, une nouvelle notion
est introduite ; celle de faire payer aux ayants droit une taxe proportionnelle
aux espanciers.
Avis de presse du journal LE PETIT
VAR du 20/08/1943
relatif aux heures d'arrosage sur le Béal pour LA CRAU - (zoom)
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Les modifications du canal
Des travaux sont entrepris entre 1630 et 1632, afin d'augmenter le
rendement du canal.
-- Une nouvelle écluse est construite en maçonnerie
en remplacement de celle en bois, pourrie par l'humidité, fixée
sur piétement en pierre .
-- certaines sinuosités sont supprimés, notamment au
quartier des Arquets. Ce changement de parcours conduira à
des litiges ultérieurs, car certaines propriétés
"arrosables" initialement ne le seront plus, suite au changement de
tracé. Il est à noter qu'au quartier des "Arquets" le
radier du Béal se situe à environ 2,00m au dessus du
terrrain naturel et qu'il repose sur des "arches" (Arquets) sur plusieurs
centaines de mètres.
Aujourd'hui, des remblais au pied du canal les masquent
pratiquement toutes.
-- Les parois sont alors réalisées en maçonnerie
et des contreforts renforcent l'ouvrage lorsqu'il n'est pas enterré,
-- Un radier est mis en place sur tout le parcours. Une chape en ciment
permet ultérieurement d'augmenter le débit d'eau qui
arrive aux moulins.
-- Les lavoirs publics et privés sont aménagés
tout le long du Béal.
-- Un rapport de l'ingénieur
du Génie Rural, élaboré en 1930, indique que
d'importants travaux d'amélioration ont été entrepris
sur le Béal sous la municipalité Roux-Signoret (1919-1920).
**
les plans du canal
Plusieurs plans ont
été retrouvés dans les archives municipales par
M. Franck CHAUVET (président de l'ASI des arrosants du canal
Jean Natte). Ils figurent :
--- le tracé du canal Jean Natte, ainsi que ses canaux secondaires,
tertiaires etc..
--- la limite du périmètre de l'association syndicale
(qui couvre également le Gapeau dans les quartiers
de La Roquette, du Plan du Pont etc...)
--- les terrains arrosés,
--- les terrains inondés.
Voir
les plans d'archives - cliquez !
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l'entretien du canal et du barrage
-- L'entretien et les réparations du canal et du barrage sont
initialement assurés par la famille Natte suivant les termes
de la convention. Nous sommes ensuite dans un certain "flou".
-- En 1685, par convention les adjudicataires des moulins ont obligation
de refaire chaque année 7 cannes et demi de muraille du canal.
-- L'article 7 de la convention, prévoyait que les propriétaires
des moulins devaient 2/3 des dépenses du canal.
De ??? jusque vers 1990, ce
sont les riverains du canal qui ont nettoyé leur tronçon
manuellement, une fois par an, vers le mois d'avril. Cette période
est la plus propice afin de ne perturber les arrosages durant les
15 jours à 3 semaines que dure ce curage. Celui-ci consiste
d'une part à enlever les limons qui se déposent au fond
du canal, mais également toutes les algues et plantes qui se
développent ...... sans oublier les "objets divers" dont certains
se débarrassent tout au long de son parcours.
Actuellement, ce curage se réalise
à l'aide de petits engins mécaniques qui "usent" plus
facilement les parois du canal dont le dernier enduit date de ......
1914. (pour les 9400m environ, cela représente tout de même
plus de 37000 m2 d'enduits !!!, seulement pour le
canal principal.
Ces frais d'entretien sont répartis :
-- pour l'entretien du canal :
au prorata de 2/5 pour la ville de La Crau et 3/5 pour la ville d'Hyères,
-- pour l'entretien du barrage : au prorata de 4/5 pour
la ville de La Crau et 1/5 pour la ville d'Hyères,
Le non respect des servitudes
de passage de 2 mètres de part et d'autre du canal par certains
propriétaires riverains, notamment en milieu urbain, complique
le nettoyage du béal sur de nombreux tronçons .
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Le débit du canal
Un rapport de 1843 (période de Louis Philippe), indique que
le canal a un débit de 306 litres/s. Il arrose 325 ha (soit
770m3/semaine /ha). Nous n'avons aucune précision sur le
lieu de la mesure (au départ du canal...au milieu...à
l'arrivée ???)
Le débit a une grande
importance pour les moulins car à l'époque, habituellement,
les chutes d'eau se louent au prix de 200 francs par unité
de force de cheval. Cette force est représentée, conventionnellement,
par un volume d'eau de 100 litres par seconde, tombant d'une hauteur
d'un mètre. Pour un débit de 300 l/s et une chute d'eau
de 4m la force de chacun des trois moulins était donc d'environ
12 unités de force de cheval.
De tout temps s'est posé
la question de "l'utilité de la réfection" du Béal
à un instant donné afin de diminuer les pertes sur son
parcours (avec tous les espansiers fermés). Une étude
réalisée vers 1876 apporte les informations intéressantes
suivantes :
--- pour une hauteur d'eau 64cm au départ du canal le débit
est de 624 litres/sec, il arrive au 3ème moulin 429 litres/sec.
soit les 2/3 de l'eau depuis l'origine (environ 37 000 m3/j).
--- pour une hauteur d'eau 39cm au départ du canal, le débit
est de 312 litres/sec. il arrive au 3ème moulin 164 litres/sec.
soit les 1/2 de l'eau depuis l'origine (environ 14 000 m3/j).
--- pour une hauteur d'eau 26cm au départ du canal, le débit
est de 156 litres/sec. il arrive au 3ème moulin 31 litres/sec.
soit les 1/5 de l'eau depuis l'origine (environ 2 700 m3/j)..
Ces expériences permettent de conclure que les pertes sont
d'autant plus considérables que le débit du Béal
à son origine est plus faible. (informations
documents Médiathèque d'Hyères) .
Avec les mesures ci-avant nous pouvont en déduire que pour
un débit de 624 litres/sec. -> 1m3 d'eau met environ 5h30mn
pour arriver à Hyères, alors que pour un débit
de 156 litres/sec. il lui faudra environ 8h30. Durant ces 3 heures
supplémentaires l'eau pourra d'autant plus s'infiltrer au travers
des fissures des parois et s'évaporer tout au long du parcours.
Il est à noter que le canal peut arriver à un débit
maximum de 1000 litres/sec avec la martelière en pleine ouverture
; soit 3600 m3/heure
ou 86400 m3/jour (information A.S.I.L.A.C. Jean Natte).
A titre de comparaison, la consommation estivale en eau potable de
la ville d'Hyères est d'environ 25000 m3/jour.
**
Les vidanges sur le Béal
La liste suivante
a pour bût de répertorier toutes les martelières
de section importante qui permettent :
-- de vider le canal lors du nettoyage annuel
-- de "décharger" celui-ci lors des orages afin d'éviter
une surcharge à l'arrivée
-- d'alimenter le Roubaud tout au long de l'année.
- La martelière de vidange
principale
Elle se situe à environ 50
m. après la martelière principale qui alimente le canal.
Elle permet de vidanger le premier tronçon qui à cet
effet est en légère contrepente.
-
La martelière des Arquets
Elle se
situe au nord du rond point des Arquets. Son évacuation rejoint
le pluvial qui évacue les eaux vers le Gapeau.
-
La martelière de la Cameronne
Elle se situe
à l'impasse de l'Estalle (UTM 32T 0262942 E - 4778847 N). Elle
est en complément d'un limiteur de débit et d'une
surverse. Elle alimente un ruisseau qui descend jusqu'à la
voie ferrée à la limite Est de l'Estagnol. Celui-ci
longe ensuite la voie SNCF en direction de l'ouest. Il rejoint donc
le bassin versant de l'Eygoutier.
-
La martelière du réal de la Bayorre
Elle
se situe
au croisement avec le réal (en UTM 32T 0264324 E - 4778760
N). Elle
est très souvent ouverte complètement et alimente ce
torrent avec
un bon débit et donc le Roubaud.
-
La martelière du Réal Baye
Elle
se situe au croisement avec le Réal Baye au quartier de La
Poterie (en UTM 32T 0265170 E - 4778723 N). Elle
est très souvent ouverte complètement et alimente ce
torrent avec un bon débit et donc le Roubaud.
- La martelière de la rue
Eugénie
Elle
se situe au début du côté Est de
la rue Eugénie (UTM
32T 0265607 E - 4778449 N).
La liste ci-dessus va être progressivement complétée.
**
La propriété du Béal
-- A l'origine
---- La communauté paye Jean NATTE pour construire le canal.
---- Jean Natte et ses successeurs doivent entrenir "à
perpétuité" le canal, le débit d'eau et
le barrage. Il sont donc propriétaire du canal.
--
Vers 1540 -
1580
----
Pierre NATTE vend le 25 novembre 1537 sa part à la communauté
d'Hières.
---- Le 18 septembre 1555, la famille Rodulph de LIMANS vend également
la sienne à la communauté. Cette dernière se
trouve alors propriétaire des 2/3 du canal et de ses dépendances.
---- En 1576, la ville d'Hières devient propriétaire
de la totalité.
--- Au fil du temps
La communauté d'Hières sera conduite à aliéner
ses biens en faveur de ses créanciers. Le Béal ... et
les moulins deviendront ainsi des ouvrages en "copropriété".
Nous retrouvons trace d'un certain nombre de copropriétaires
avant 1866.
--- En 1866
Le 05/05/1866, (période de Napoléon 3), les communes
de La Crau (3/8) et d'Hyères (4/8) deviennent co-propriétaires
du canal et du barrage, elles doivent entretenir et curer le Béal.
(information ASILAC Jean Natte).
Cependant ce sont
les riverains qui assureront ce curage lorsque les moulins seront
abandonnés.
[informations ci-dessus tirées du recueil "APERCU
sur les droits et CHARGES des propriétaires des Moulins et
des arrosants" de Charles MAUREL
(architecte et juriste) qui confirmat les devoirs des propriétaires
envers les arrosants (édition
H .SOUCHON en 1886)].
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Les siphons
Le Béal verra son aspect et son profil changé au cours
des siècles, avec la création de "parties couvertes"
et de "siphons" qui permirent à La Crau :
-- la construction de maisons en bordure ouest de l'avenue Général
De Gaulle (partie couverte entre le carrefour principal
et le Bd. de La République)
-- la percée du Bd. de La République (siphon),
-- l'accés à la nouvelle école primaire Jean
Giono (siphon),
-- la création du rond point des Arquets (siphon).
Sur la commune d'Hyères, le Béal a une longueur de 6000m
dont 2500m en milieu urbain (2000m sont couverts et 500m sont visibles).
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Les canaux secondaires, tertiaires .....
Au fil du temps, des canaux secondaires
se développeront jusqu'à l'Eygoutier (à La Crau,
vers Toulon via le Pradet ) et jusqu'au Roubaud vers
la mer (à Hyères) en créant ainsi
une vraie "toile d'araignée hydraulique" qui perdure encore
en grande partie aujourd'hui.
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Les différentes façons d'arroser avec le Béal
-- En gravitaire en direct
Après
ouverture de l'espancier, l'eau s'écoule par gravité
dans des caniveaux maçonnés ou en terre afin de réaliser
un arrosage "à la raie, au courant" (l'eau
court dans le sillon de terre afin d'arriver jusqu'à l'extrémité
du champ).
-- En gravitaire en remplissant une
noria
Nous revenons à l'exemple
ci-dessus, mais l'eau qui est dans le caniveau va s'écouler
dans un puits réservé à l'arrosage qui est équipé
d'une noria. Cela permet d'avoir une "réserve d'eau"
disponible qui pourra être prélevée avec la noria
(mécanisme avec chaine à godets) ou avec une motopompe.
Dans
les 2 cas énoncés ci-avant, les propriétés
doivent obligatoirement être situé en dessous le niveau
du radier du canal.
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Avec motopompe
L'apparition
des pompes actionnées par des moteurs à essence va permette
aux riverains situés "au dessus" du Béal de
pouvoir pomper directement dans le Béal.
--
Avec pompe électrique
Aujourd'hui
les tuyaux "qui trempent" dans le Béal se multiplient
notamment dans les lotissements en zone urbaine pour arroser les jardinets
de chacun en bordure du canal.
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Plan avec le tracé de
l'intersection des limites des 4 communes
sur laquelle se trouve le barrage pour le canal ainsi que
la vanne principale et celle de vidange/régulation - (zoom)
Tracé du Béal
Jean Natte sur carte Cassini de 1778 - (zoom)
Implantation
des 3 moulins sur le Béal :" Moulin d'Intré",
"du Mitan", "d'en bas" - (zoom)
Tracé
du Béal et de son canal de fuite jusqu'à l'étang
du Pesquier - (zoom)
Le Béal Jean Natte est
canalisé à partir du barrage de La Castille
(en haut à gauche) - (zoom)
Barrage actuel réalisé
en blocs de pierre assemblés par
des verrous métalliques - (zoom détail)
Martelière de régulation des eaux au
départ du Béal
Départ du Béal
Jean Natte
pour un parcours de prés de 10km
Mécanisme de manoeuvre
pour régulation et vidange
du Béal à La Castille (vu de l'intérieur du
local)
Lavoir d'époque avec
"ses bugadières"
sur les berges du Béal après le siphon du centre ville
(zoom)
Le Béal avec ses contreforts
au quartier des Arquets
Le dessus des parois du canal sont à plus de 3m du sol -
(zoom)
Le radier du canal est à
plus de 2m du sol posé sur ses arches
qui ont données le nom du lieu-dit : "arquets"
Les très nombreuses arches
qui supportent le canal ont
masquées par des remblais de terre. En voici une qui
nous fait un clein d'oeil - (zoom avec schéma voute)
Vue de dessous l'arche. A droite
on voit l'arrondi de la voute.
En face, le remblai du côté opposé qui laisse
entrevoir
une fenêtre de lumière (haut gauche) - zoom)
Coupe du Béal illustrant
les différentes phases de
sa construction : terrassement, piedroits, radier, enduit - (zoom)
document
: ASI des arrosants du Canal Jean Natte.
Espancier avec réglage
à 3 positions qui permet de régler
le débit de l'eau. Le cadenas évite les manoeuvres
malveillantes - (zoom)
Béal au quartier de La
Cambaronne à Hyères
Plan joint à un règlement
d'arrosage qui part du barrage
jusqu'au quartier des Arquets. Le village de La Crau
en est à sa naissance - (zoom vers l'ensemble des plans d'archive)
- document :
ASI des arrosants du Canal Jean Natte.
Le lavoir sur le Béal
au niveau de l'ancien hopital
(ce qu'il en reste!)
Le Béal au début
de"sa partie couverte"
après l'ancien hopital
Le Béal en passage souterrain
sous l'Avenue Godillot.
Surverse au premier plan à droite
Surverse, vue de face, sur la
paroi du Béal avec prise d'eau juste en dessous
Plan du Béal de 1853
avec son lavoir monumental, juste
en amont du 3ème moulin - (zoom)
Lithographie du Béal
des tripes avec son lavoir abrité dans la partie supérieure
de l'ouvrage - (zoom)
Arrivée du Béal
au 3ème moulin, terme de son parcours
industriel, mais non de son parcours d'arrosage - (zoom)
Tracé du Béal
en traversée de la partie principale du
village avec représentation des parties couvertes et en siphon
du canal. A noter dans la partie supérieure de l'image
le moulin de la Panouche de 1808 - (zoom)
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