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Historique
de l'eau en France |
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AUPARAVANT
PRENONS DE L'ALTITUDE ET REMONTONS LE TEMPS !
Lors de la formation de la terre, il y a plusieurs milliards d’années,
l’eau recouvrait pratiquement toute la planète «
terre » sauf le continent unique appelé "La
Pangée".
Aujourd’hui la « terre » c’est :
- un âge respectable de 4,6 milliards d'années environ,
- un diamètre de 12756 km
- 30% de la surface recouverte par les continents et 70% par les mers
et océans ( 360 millions de km2 )
- un volume d’eau (et glace) estimé à 1345 millions
de km3 soit un cube de 1100 km de côté !!! Ce volume ne
varie pratiquement pas.
- 97.2% de cette eau est salée et 2.8% est douce. Ces 2,8% se
répartissent en 2,15% pour les glaces polaires, 0,63% pour les
eaux souterraines et 0,02% pour les eaux de surface.
L'eau dont
nous allons parlé sur ce site représente donc environ
0,65% de l'eau qui se trouve sur la terre. Ca ne fait pas beaucoup !
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La terre à l'origine, avec
un seul continent :" La Pangée"
partout ailleurs, il y a de l'eau
source - http://www.astrosurf.com/ |
BILAN D'EAU DE LA FRANCE
Il
a été répertorié en France 200 aquifères
régionaux qui renferment 2000 milliards de m3 d'eau dont environ
100 milliards s'écoulent annuellement vers les sources et les
cours d'eau.
Les eaux souterraines n'existent qu'à
travers les vides des roches : petits espaces entre grains, porosité
de la matière, fissures. C'est en saturant ces vides qui communiquent
entre eux qu'elle constitue des nappes et peut s'écouler lentement.
Les volumes peuvent être énormes : si traditionnellement
on parle de flux pour l'eau des rivières, on parle de stock pour
les nappes dont le renouvellement est lent et partiel : 5% par an en
moyenne (1)
Actuellement env. 7 milliards de m3/an sont puisés
dans les nappes d'eau souterraine avec la répartition suivante
:
-- 59% pour les besoins domestiques, (source Agence de
l'eau - page 11)
-- 18% pour les besoins agricoles,
-- 23% pour les besoins industriels, (non compris les
centrales nucléaires)
(1) de Thierry
Pointet |
Graphique du bilan d'eau de La France
(site original BRGM) |
RAPPEL DES PRINCIPES DE BASE DE L'HYDRAULIQUE
--
L'eau s'écoule par gravité,
-- La surface libre d'un liquide au repos est horizontale,
-- Les surfaces libres d'un liquide placé dans des vases qui
communiquent entre eux sont dans un même plan horizontal,
-- Pour monter l'eau au dessus de son point de prélèvement,
il va falloir utiliser de l'énergie + un moyen mécanique
plus ou moins sophistiqué pour déplacer l'eau entre son
point de départ et son point d'arrivée (voir ci-après
dans "les techniques").
L'HISTOIRE
DE
LA PREHISTOIRE A LA FIN DE L'EMPIRE ROMAIN
Depuis l'apparition de l’homme, ses déplacements, puis
son implantation ont été conditionnés par ses possibilités
d’approvisionnement en eau. Il s’abritait essentiellement
à proximité des cours d’eau qui lui permettaient
également de se nourrir en pratiquant la pêche.
Chaque civilisation antique développait en fonction des contraintes
du climat et du lieu où elle se trouvait, des techniques hydrauliques
pour résoudre ses problèmes.
Il semble que ce soit la civilisation égyptienne qui mis en œuvre
les premières applications hydrologiques en pratiquant l’irrigation
des cultures.
Ci-dessous quelques points de repère.
-- en 6000 av J.C. : trace de puits en Mésopotamie,
-- en 2500 av J.C. : pose de tuyaux en terre cuite par les Crétois
pour amener l’eau aux habitations,
-- en 1600 av J.C. : réalisation d’une citerne en mélèze
en Suisse,
-- en 300 av J.C. : l’aqueduc Aqua Appia amène l’eau
dans Rome après la réalisation de canaux maçonnés
-- en 250 av J.C. : invention de la vis comme système de relevage
de l’eau,
-- en 100 av J.C. : mise en place de norias sur les puits pour monter
l’eau à l’aide de godets.
Comme à Olbia
à Hyères, les Grecs construisirent des puits ou dérivèrent
des sources locales.
Les Romains entreprirent ensuite des travaux beaucoup plus importants
en réalisant de nombreux aqueducs dans notre
région dont le plus connu est celui de Nimes qui canalisa la
Fontaine d'Eure (près d'Uzès) sur 50 km pour alimenter
cette ville. Sur ce parcours, l'ouvrage le plus spectaculaire est le
Pont du Gard qui défit toujours le temps.
Le site http://perso.wanadoo.fr/gilbert.lamouroux/
donne une description très complète et illustrée
de l'ensemble de cet aqueduc.
Dans notre département, celui qui alimenta la ville de Fréjus
(FORUM JULII) en canalisant la Siagnole faisait 39,4 km de long pour
une section moyenne de 1,20m de haut et 0,70m de large avec une dénivelée
de 481m.
DE
LA FIN DE L'EMPIRE ROMAIN
A LA FIN DU MOYEN ÂGE (1453)
L'invasion des "Barbares"
venus de l'Est vers l'an 400, provoqua le démantèlement
de l'Empire Romain. Ce fut le passage de l'antiquité gréco-romaine
au "Moyen Âge".
Jusqu'en l'an 800 (durant 300 ans), le progrès de la civilisation
fut arrêté. La France resta dans une période de
léthargie et de stagnation. Durant cette période, l'approvisionnement
en eau retourna à un stade des plus primitifs. A l'exception
de quelques puits, les ouvrages hydrauliques tombèrent en ruines
ou furent souvent utilisés comme carrières.
Seuls les couvents poursuivirent la tradition romaine, grâce sans
doute aux documents écrits dont ils disposaient.
Les monastères et autres édifices religieux, qui s'implantèrent
là où se trouvait l'eau, continuèrent à
développer localement les installations (Chartreuse de La Verne,
Abbaye du Thoronet, etc..).
Lorsqu’il n’y avait pas de ressources locales, toutes les
astuces était employées afin de récupérer
les eaux de ruissellement des toitures, des terrasses et de toute autre
surface qui permettaient de collecter, puis de stocker de l’eau.
Lorsque la priorité était la protection des personnes
et des biens, la proximité des sources passait en second plan.
Sur les pitons rocheux, les habitants des châteaux forts et ceux
des villages qui s’implantaient juste en dessous, recueillaient
l'eau de pluie dans d’immenses citernes, (comme
à Hyères) ainsi que dans des bassins et tonneaux.
Ces stocks divers qui étaient soumis aux aléas des chutes
de pluies étaient souvent rapidement vides. D’autre part
la qualité de l’eau recueilli étaient fonction de
la propreté des surfaces de ruissellement. Au fil du temps, il
y avait une accumulation de substances toxiques au fond des citernes
et autres récipients. Cette eau était essentiellement
destinée à la cuisson des aliments et aux usages ménagers.
L'eau de source était réservée à la boisson.
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Aqueduc de Nimes
Pont du Gard
Aqueduc de la Siagnole
Citerne de chateau fort
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DE
LA FIN DU MOYEN AGE AUX ANNEES 1800
Au moyen âge l'eau suit la pente naturelle du terrain et elle
est canalisée en suivant la topographie
des lieux qu'elle traverse.
Toute la vie sociale, château fort, monastère, ferme ou
village, s'organisent suivant la proximité des rivières
qu'elles dérivent, parfois sur plusieurs kilomètres. C'est
le cas à Hyères avec le
canal Jean Natte dont la construction commença dès
1458
Sur les hauteurs des monts de la
Provence où il n'y a ni sources, ni ruisseaux, sur des surfaces
constituées de dalles calcaires plus ou moins inclinées
(appelées "impluvium" ont été creusée
de petites rigoles afin de récupérer les eaux de pluie
et de ruissellement qui sont dirigées vers une cavité.
Celle-ci est souvent recouverte de coupole faite de pierre empilées
suivant la technique des pierres sèches. Cet ouvrage s'appelle
un "aiguier" (de l'occitan aiga : eau).
Cette architecture de pierres sèches est
destinée à limiter l'évaporation de l'eau et à
préserver sa propreté. Il en existe un trés particulier
sur la commune du Revest (83200).
A partir de la moitié du moyen âge
l'essor urbain engendre de nouvelles difficultés d'approvisionnement.
Les bourgs attirent de plus en plus de familles et l'alimentation en
eau se dégrade à plusieurs niveaux : la quantité
disponible, la qualité. Ceci a une influence sur l'hygiène
et les maladies.
En milieu urbain toutes les astuces sont utilisées pour récupérer
l'eau à lintérieur des maisons. Nous avons retrouvé
une citerne d'environ 3 m3 aménagée dans la paroi au fond
d'une salle voutée rue St Bernard à Hyères. Les
eaux de ruissellement sont dirigées vers la citerne par des entailles
aménagées dans le rocher (voir photo ci-contre
+ zoom).
A
partir des années 1700 / 1750, les villes cherchent à
capter des sources existantes afin de mettre en place des fontaines
publiques. A Hyères en 1737, une
mine, baptisée "l'Umine" est creusée au
pied d'un puit afin de récupérer l'eau par gravité
sur un point haut de la ville.
Dans un premier temps, pour les fontaines publiques, il n'y a aucun
stockage d'eau entre la source et la fontaine. L'écoulement est
continu par gravité 24h/24h, ce qui peut représenter pour
une petite fontaine à un bec versoir, environ 10 à 20
m3/jour tant que la source n'est pas tarie. L'eau passe alors
de fontaine en fontaine, avec une répartition qui va de la plus
pure.... à la moins noble ( la boisson, les humains, les animaux,
l'arrosage des plantations ...)
En bordure des cours d'eau ou sur des canaux en dérivation de
ceux-ci, se développent également les activités
artisanales (moulins à eau, scieries,
abattoirs, tanneries, teintureries, ...) qui utilisent
l'eau comme force motrice et moyen
de nettoyage. Les premières pollutions commencent.
Les sources locales qui sont canalisées ne suffisent plus et
les puits situés dans l'enceinte des bourgs sont également
pollués par les infiltrations des ordures ménagères
et fumiers des animaux qui s'entassent dans les rues.
Les fontaines qui sont souvent situées dans les points bas des
bourgs imposent la corvée quotidienne pour les familles. Ceux
qui en ont les moyens font appels aux "porteurs d'eau"
de tout type.
On
essaie de répartir les heures pour l'arrosage des arbres, des
cours, celles pour les besoins des fabriques, comme celles
des arrosants privés.
Les moulins à eau à
aubes, puis à turbine horizontale fournissent la force motrice
pour différents usages, mais surtout pour moudre les céréales
afin de préparer de la farine. Le pain est alors la nourriture
de base des familles.
Devant ces manques chroniques de ressources en
eau, les efforts des différentes collectivités se portent
sur l'amélioration des captages et les recherches de nouvelles
ressources en eau (ex. Source de
La Vierge à Hyères). Lorsque la topographie des lieux
le permet des citernes sont aménagés afin de stocker un
volume d'eau qui permette de passer les périodes de sécheresse
(ex. Citerne de l'Ermitage à
Hyères)
APRES
1800
L'apparition de nouvelles techniques
va permettre de "remonter
l'eau" plus facilement au dessus des points de puisage.
L'eau va pouvoir être puisé dans des points bas pour être
refoulé dans les réservoirs situés au dessus des
bourgs. Précédemment pour remplir le même réservoir
les sources devaient se situer "au dessus" du réservoir,
ce qui n'était pas évident.
A partir de 1880 environ, les réseaux
d'eau potable se développent. Les fontaines et
les bornes fontaine commencent alors à se multipler. Les
bouches d'arrosage (qui permettent de nettoyer les rues), apparaissent
progressivement. Le problème est que les besoins en eau ainsi
créés se développent plus rapidement que les ressources
disponibles. Il faut alors se lancer dans la chasse au gaspillage, afin
d'éviter à nouveau les manques d'eau.
L'eau arrive enfin directement dans les maisons avec principalement
le système de distribution "à la jauge". Celui-ci
consiste à faire passer un volume d'eau calibré constant
à travers un appareil (ex. 150 litres par jour). Un tuyau rempli
alors "une caisse" de stockage qui se situe dans les combles
de l'habitation. Cette caisse est le plus souvent réalisée
en bois avec un revêtement en zinc. Un robinet à flotteur
arrête l'arrivée de l'eau afin d'éviter le débordement
de "la caisse". Une surverse est cependant aménagée
"au cas où ...".
Un tuyau en plomb redescent jusqu'au robinet de l'évier à
la cuisine qui est alors le seul point d'eau de l'habitation.
Les compteurs se vulgariseront progressivement et permettront d'avoir
"la pression directe" au robinet par rapport au réservoir
public principal qui les alimentent. Les caisses deviendront alors inutiles.
En dehors des zones canalisées, l'apparition de l'électricité
va permettre d'avoir "l'eau courante" dans la maison. La pompe
du moteur électrique remplira "la caisse" dans les
combles et l'eau redescendra par gravité dans les installations. |
Lavoir du Canal Jean Natte à
La Crau
Au centre de la photo, à
gauche une cavité est creusée dans la paroi, la citerne
est derrière - (zoom)
Citerne à eau hippomobile
et ses porteurs d'eau - (zoom)
Fontaines des animaux à
Hyères pour chiens, chevaux ...et humains
Schéma d'installation d'eau
en charge avec caisse pour puits et motopompe - (zoom)
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LES
TECHNIQUES
Le captage
Les
sources
Après la découverte d'une source permanente il y a bien
souvent deux cas :
--- creusement de la paroi lorsque le terrain est pentu. Le seuil
d'écoulement est alors relevé afin d'installer un tuyau
qui canalisera la source. La galerie creusée servira de petite
réserve. Le tout est ensuite fermé par une porte afin
de protéger la source de toute malveillance. La
mine de la Source de La Vierge ainsi que celle de l'Umine à
Hyères en sont des exemples typiques. A l'époque ou les
pompes n'existaient pas, cette technique était la plus pratique
pour alimenter les fontaines de villages.
--- creusement du sol "en puits" lorsque le terrain
est relativement plat. Il faudra alors un moyen mécanique afin
d'extraire l'eau du puits (source de Bagéou à Hyères).
--- ces creusements ont pour objectif d'essayer d'augmenter le débit
de la source en dégageant le griffon, tout en créant de
la réserve entre différentes utilisations.
Les
puits
Les
sourciers et leur "
baguette divinatoire " ont trés longtemps décidé
des endroits où il fallait creuser les puits sans qu'aucun signe
extérieur n'indique la présence d'eau. En milieu urbain,
nous constatons lors de
l'entretien de nombreux puits que ceux-ci sont reliés entre eux
par des galeries.
Lorsque les communes en viennent à chercher
de nouvelles ressources importantes, les sourciers
sont
progressivement remplacés par des géologues afin de décider
de l'emplacement de nouveaux puits.
D’autres
ressources
l'ingéniosité de certains alla jusqu’à essayer
de générer de l’eau à partir de la condensation
qui se faisait sur des pierres. C’est ce que l’on appela
des « puits à l’envers » ou «puits
aériens». Le rendement de ceux-ci
était toutefois "très modeste". Celui de Trans
en Provence atteignait difficilement 10 litres par nuit malgré
ses dimensions imposantes.
Depuis des siècles, les histoires d'eau ont toujours occupées
une place importante dans les archives de toutes sortes.
Même si l’eau était (et est toujours) considérée
comme un don du ciel, elle était cependant précieuse et
faisait l’objet de nombreux litiges et conflits car elle était
très souvent insuffisantes.
Les
canaux et canalisations
Les canaux en maçonnerie
Ils étaient le plus souvent réalisés avec un radier
épais de 40cm constitué de mortier de chaux et de calcaire
concassé. Les parois faites de pierres de petites dimensions
(ou moellons), étaient revêtues d'un enduit au mortier
de tuileau afin d'assurer l'étanchéité.
Celui-ci était constitué d'un mélange de chaux
grasse, obtenu à partir de calcaire blanc et de débris
concassés de briques et de poteries. L'étanchéité
pouvait être renforcé par une couche imperméable
de "malthe" composé de chaux éteinte dans du
vin, de graisse de porc et de figues (le lait de figue possède
les mêmes propriétés que le latex). Ces canaux étaient
recouvert de dalles en pierre plate ou en forme de voute afin de préserver
la qualité de l'eau.
Les
canalisations
Une des grosses faiblesses constatées pour les anciennes conduites
d'eau de source réside dans la mauvaise qualité du matériaux:
Le bois évidé
recouvert de goudron (un peu comme un poteau téléphonique
qui serait percé en son centre) s'use par l'intérieur
avec le passage de l'eau et il ne résiste pas à la pression
dû à la différence d'altimétrie entre la
source et la fontaine. Le cerclage des tuyaux permet de diminuer ce
problème (comme le cerclage d'un tonneau).
La terre
cuite anciennement utilisée est souvent poreuse et
les racines pénètrent à l'intérieur au niveau
des joints d'assemblage. Les tuyaux étant de faible longueur
(environ 50 cm), le nombre de joints atteint des quantités impressionnantes.
La conduite de La Monache
à Hyères représente 22 000 joints pour 11 km !!!!
Les pertes sont importantes et l'eau qui coule à la fontaine
est quelquefois insignifiante par rapport à l'eau introduite
dans le tuyau au niveau de la source. Les risques d'infiltration d'eau
parasites (en période de pluie) sont également plus grands
et la pureté originelle de l'eau en est affectée. Lorsqu'ils
sont utilisés "en pression", ces tuyaux résistent
difficilement.
La fonte
apparait dès la fin du XVème siècle, lelle remplace
progressivement et massivement la terre cuite et les autres matériaux,
car vers 1800 son coût de fabrication commence à être
compétitif.
Cependant la fonte ne s'impose pas immédiatement comme l'unique
matériau des canalisations modernes. Dans ce domaine, également,
la recherche est empirique : à la même époque, coexistent
l'emploi du plomb, du fer, de l'amiante-ciment.
Les
rendements des
réseaux
Après la période
des "poses" de canaux et canalisations vient la période
"d'entretien" et de réfection de ceux-ci.
*** Entartrement
-- Dans les canaux, suivant la pente, il va se déposer des limons
qui nécessitera un nettoyage périodique durant laquelle
il faudra suspendre l'activité de l'aqueduc. Au fil des siècles,
les concressions calcaires vont progressivement diminuer la section
utile du canal diminuant ainsi le débit de l'eau.
-- Dans les canalisations nous retrouverons les mêmes phénomènes
avec les mêmes conséquences. Dans ce cas il faut alors
faire une curage mécanique de la canalisation par tronçons
successifs. Actuellement, après passage de fraises de diamètre
de plus en plus grand, on arrive pratiquement à rattraper le
section initiale de la conduite.
*** Fuites
La détection des fuites est essentiellement
visuelle par les traces au sol ou dans les fossés (flaques, écoulements
ou végétation verdoillante en période de sècheresse).
Il est d'autant plus difficile de les trouverlorsque les réseaux
travaillent avec une faible pression. Les fuites sont alors rarement
détectables et les rendements de réseaux diminuent.
Progressivement des appareils de plus en plus perfectionnés permettront
de localiser les fuites de moyenne importance. Le principe est "d'écouter
chanter" le tuyau métallique qui fuit. Le passage de l'eau
au travers de la fissure fait vibrer le tuyau. Les choses se compliqueront
fortement ensuite avec l'apparition du tuyau en matière plastique,
car lui, "il ne chante pas".
Aujourd'hui, suivant les villes, les rendements des réseaux varient
de 90%
à 40%
; cela veut qu'ils ont de 10%
à 60% de fuites.
Les
réservoirs
Afin de ne pas être en prise directe sur la source et pour essayer
d'éviter les manques d'eau de l'été, les collectivités
construisent progressivement des citernes de stockage en
aval des sources. Celles-ci sont réalisées en moellons
et béton avec enduit intérieur au ciment (vers 1880).
Les piliers qui doivent supporter la voute sont en pierre de taille.
Les voutes supportant la couverture sont réalisés en briques
pleines d'argile. A Hyères, la Citerne
de l'Ermitage en est un exemple. |
Source de La Vierge à Hyères
Croquis de 1888 - (zoom)
Creusement du puit de La Cambaronne en 1896 à Hyères
Puits aérien de Trans en
Provence
Percement de conduite en bois
Conduite en poterie avec joint
d'emboitement
Coulage tuyau fonte par centrifugeage
(zoom -> schéma de fabrication)
Conduite fonte de 200mm ne faisant
plus que 100mm après 35 ans de dépot de calcaire (dureté
de l'eau distribuée TH=50). Le tuyau a perdu 75% de sa capacité
de transport de l'eau.
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Les
fontaines
Elles sont apparues dans les villes et villages à partir des
années 1750. Le 19ème siècle sera l'âge d'or
des fontaines et dans tous les villages, bornes-fontaines, fontaines
centrales ou adossées, fontaines-lavoirs, puits-fontaines voient
le jour.
Pour les amateurs, je vous conseille de visiter le site "Les
fontaines du Var" qui traite le sujet d'une façon
très complète.
Les
moyens d'élévation
Les plus connus sont :
*** Le seau , la corde et la poulie,
*** La noria
Celle-ci est composée d'un mécanisme qui est mis en action
par la force animale (ou humaine). Ce mécanisme entraîne
un mouvement de godets qui se remplissent au fond du puits, pour se
déverser à sa sortie dans une goulotte d'écoulement.
Les
moyens de pompage
Après
1850 plusieurs technique de pompage vont cohabiter.
*** Le bélier hydraulique
dont vous trouverez le détail
de fonctionnement dans les pages ci-après,
*** Les turbines hydrauliques
qui seront couplées à des pompes à pistons,
*** Les machines à vapeurs couplées également à
des pompes à pistons vont permettre de révolutionner le
principe de l'alimentation en eau. C'est la naissance des "locomobiles"
et des "pompes Cornouilles".
Puis les machines à vapeur vont être
progressivement remplacées par des moteurs à huile
lourde (appellation de l'époque pour le gazole). Viendra ensuite
l'ère de l'électricité.
Là où le puits n'autorisait d'extraire
qu'au rythme de ce que le bras ou les animaux pouvaient remonter (noria),
le pompage démultiplie les quantités d'eau disponibles
et introduit des possibilités de stockage. Il devient dès
lors possible de " traiter " ces grandes quantités
d'eau. En effet, les exigences de confort et d'hygiène concernent
aussi l'aspect quantitatif de l'eau.
LA
POTABILISATION DE L'EAU
Jusqu'à la découverte des agents
pathogènes du choléra (1883) et du typhus (1906), les
spécialistes ne songeaient guère à l'eau comme
source d'infection. On admettait que l'eau claire et sans faux goût
était bonne à consommer. Dés lors, moderniser la
distribution d'eau signifiait avant tout s'attaquer à des symptômes
tels que les mauvaises odeurs. Or l'avènement des réseaux
de distribution a favorisé l'apparition d'épidémies
sans précédent. PASTEUR affirma : "nous buvons 90%
de nos maladies".
Le premier véritable procédé de filtration date
du début du XIX' siècle. Il s'inspire des découvertes
du chimiste BERTHOLLET (mort en 1822) sur les propriétés
du charbon. On réalise également un filtre à base
de sable et d'épongés capable de produire 230 m3 par jour.
A Hyères un filtre similaire
est mis en place dans le Béal Jean Natte afin de "potabiliser"
l'eau avant que celle-ci ne soit reprise par un bélier hydraulique.
Jusqu'au milieu du XIX' siècle, il y eu
des améliorations successives de ces procédés (superposition
des couches de sable et de charbon pilé). Peu à peu cependant
l'idée du filtrage industriel, poussé par les réalisations
observées en Angleterre, fait son chemin. On s'intéresse
au filtre autonettoyant, et à la décantation préalable.
En 1840, le procédé Souchon, à base de sous-produits
textiles, concurrence les procédés de filtrage (sable,
charbon).
La loi sur la salubrité publique de 1902 l'énonce clairement
et les subventions publiques accordées aux communes nécessiteuses
à compter de 1903 le confirment dans la pratique :
l'approvisionnement correct en eau des communes est d'intérêt
national, au même titre que l'instruction publique. Peut-être
plus, car il s'agit de lutter contre les épidémies, contre
les fièvres typhoïdes causées par les eaux polluées
des puits et des canaux divers à ciel ouvert qui alimentent la
population. Les fontaines distribuent également de l'eau "
brûte " à partir de sources qui peuvent être
polluées. En ces années où la mortalité
de la guerre de 1870 se fait encore sentir, la lutte contre la mortalité
est une priorité du pays.
Au cours du 19ème siècle différents essais de purification
de l'eau sont fait à partir de produits chimiques tel que l'iode,
l'acide citrique, les permanganates afin d'éliminer les microbes
et bactéries. Le prix élevé des produits et la
répugnance des consommateurs à l'emploi de produits chimiques
dans l'eau limitent son application à des usages médicaux.
En 1881 Koch démontre que l'hypochlorite de sodium détruit
le germe responsable du choléra. Ce produit, dont l'utilisation
est aisée, peut se produire à un faible coût.
Il a également le gros avantage d'avoir un effet rémanent
dans les canalisations. La première chloration des eaux se fera
à Paris en 1911.
Maurice Paul OTTO met au point une autre technique industrielle pour
désinfecter l'eau à partir du gaz ozone qui est un désinfectant
puissant. C'est à partir d'ozoneurs que ce gaz est fabriqué.
C'est la ville de Nice qui inaugurera la mise en pratique industrielle
de ce procédé en 1907.
Après les fontaines et les lavoirs, l'apparition
de deux autres types d'édifices civils suivra de peu l'approvisionnement
en eau des communes : d'abord le WC public, nommé au gré
des époques et des projets latrines, chalet de commodité,
ou cabinets d'aisance. Le bain-douche enfin sera plus une réalisation
du XXe siècle. L'enquête sanitaire départementale
de 1950 recense d'ailleurs le nombre de cabines de douches dont disposent
les communes. Au même titre que le nombre de places de lavoir,
il détermine l'état d'équipement sanitaire communal.
Après 1950 les techniques de "filtration rapide" remplace
les "filtrations lentes" et le dioxyde de chlore commence
à être utilisé.
Vers 1970, les filières de traitement biologique font leur apparition.
A partir de 1990 c'est au tour de la filtration membranaire. Le principe
consiste à faire passer l'eau à travers un tamis extrêment
fin dont les membranes sont percées de pores d'un diamètre
pouvant aller jusqu'à nanomètre.
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Noria actionnée par un
dromadaire en Syrie
......ça fonctionne toujours !
Turbine hydraulique horizontale
avec axe moteur vertical
Schéma fonctionnement pompe
à vapeur Cornouilles
(zoom)
Pompe actionnée par moteur
à huile lourde
Schéma de filtration lente
- (zoom)
(site
original)
Maurice Paul OTTO et son ozoneur
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L'AUGMENTATION
DE LA CONSOMMATION
La Rome
antique distribuait de 300 à 900 litres par jour
à chacun de ses citoyens.
Pour arrivait à ce résultat une administration spécifique
gérait les 11 aqueducs, les 247 châteaux d’eau, les
967 bains publics, les 144 latrines publiques que comptera la cité
à la fin de l’Empire.
La distribution à domicile restait une faveur particulière
accordée par l’Empereur.
En
France, avec
la multiplication des fontaines, des bouches d'arrosage et de la construction
de ces grands lavoirs dans les villes, les quantités d'eau nécessaire
sont de plus en plus importantes.
Ce sont les changements des modes de vie, des habitudes de toilette,
du rythme des lessives qui modifient les quantités d'eau dont
chaque individu a besoin. Le lavage des rues consomme également
de grandes quantités d'eau. Sans les nouvelles données
techniques permettant le stockage et le transport de gros volumes d'eau,
les usages n'auraient pas pu évoluer.
Il s'établit alors une " norme " relative à
la consommation en eau par habitant.
Les chiffres sont éloquents et mesurent mieux que tout discours
l'ampleur des changements. D'autre part, il est certain que les consommations
d'eau par habitant varient énormément suivant que l'on
se trouve en ville dans un milieu " bourgeois " ou dans une
ferme isolée en milieu rural.
-- Vers 1800 (et avant), suivant les spécialistes de l'époque,
les besoins en eau par jour et par habitant sont de l'ordre de 5 à
10 litres ( à Paris).
-- Vers 1850 les estimations sont portées à environ 100
litres par jour et par habitant, pour Paris.
-- Aujourd'hui la consommation
moyenne française est de 140 litres par jour et par habitant.
-- Cette consommation se répartit en moyenne de la façon
suivante :
---- 1% pour la boisson
---- 6% pour les repas
= total 7% pour l'alimentation (en bleu)
---- 6% pour l'arrosage
---- 6% pour divers
---- 10% pour la vaisselle
---- 12% pour le linge
---- 20% pour les sanitaires
---- 39% pour la toilette
= total 93% pour l'hygiène et l'entretien
(en vert) |
Fontaine place Eglise St Louis à
Hyères
Evolution consommation mondiale
1900-2000
(zoom)
(site original - http://www.trinkwasser.ch)
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L'EAU
DU CIEL ..........GRATUITE !
L'aménagement des
points de captage, de stockage, la pose des conduites, la construction
des fontaines publiques et ensuite leur entretien puis leur renouvellement
ont toujours nécessité des efforts financiers de la part
de la collectivité. Pour les habitants, le fait de pouvoir disposer
de l'eau s'est souvent accompagné d'une contrepartie. C'était
l'imposition locale pour "réparations aux fontaines ou construction
du canal".
Le développement
des réseaux d'eau potable s'accompagnera de celui des concessions
privées.
Dans ces années 1850 à 1900, la plupart des communes avaient
leurs budgets en déficit.
Pour "offrir" aux populations des équipements nombreux
et fiables, il fallut employer des moyens financiers importants que
seules, la plupart du temps, les grandes compagnies pouvaient supporter
en misant sur des concessions à long terme pour rentabiliser
leurs investissements initiaux.
De tout temps les
citoyens ont considéré qui l'eau qui tombait du ciel devait
être gratuite.
Actuellement, que le service des eaux soit municipal ou affermé,
pour toute pose de compteur d'eau, chacun reçoit sa facture.
Pourtant aujourd'hui, nous pouvons faire l'expérience de "l'eau
potable publique gratuite". Pour cela il suffit d'aller à
la borne fontaine la
plus proche et de remplir les jerricans dont on a besoin. Il n'y a plus
qu' à les ramener à la maison et à ouvrir le robinet....
de la jerrican. A ce stade là, pas de chauffe eau, de machine
à laver, de lave vaisselle, de douche et encore moins de bains
! Si cet exercice est fait durant quelques jours, on s'aperçoit
que ce n'est pas l'eau qui a un prix, mais surtout "le service"
qui permet d'avoir à sa disposition 24h sur 24h en ouvrant un
robinet en tout point de l'habitation, un m3 soit une tonne d'eau (1000
kg = 50 jerricans de 20 litres) pour le prix de 2 à 3 euros environ.
Si la corporation des "porteurs d'eau" a eu son heure de gloire
durant plusieurs siècles, ce n'est pas pour rien !
Exemple d'eau gratuite ..... si le livreur est le destinataire
!!!
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LA
COURSE A L'EAU
En une centaine
d'années, les habitants de beaucoup de pays sont passés
de l'obsession et de la nécessité de se procurer une richesse
rare, à son obtention illimitée en quantité.
Les mentalités ont alors changées. Aujourd'hui, on gaspille,
on pollue l'eau car la conscience de sa valeur, du bonheur d'accéder
facilement à un élément aussi primordial à
la vie a disparu.
Il ne faut pas oublier que sur notre planète, environ 1,4 milliard
de personnes sont privées d'eau potable.
Aujourd'hui, les ressources en eau sont surexploitées par les
activités humaines et l'agriculture intensive.
La pollution n'étaient pas
connus des anciens même s'ils existaient déjà mais
à des degrés moindres. Une fois touchée, et la
cause de pollution supprimée, une nappe phréatique met
200 à 300 ans pour revenir à une pureté normale.
Les rivières qui assurent 75% de nos besoins peuvent être
dépolluées en une génération (25 ans).
Depuis quelques
années nous constatons des périodes de sècheresse
qui commencent à nous obliger, comme pour le pétrole,
à restreindre certaines habitudes. D'autre part, les solutions
"de secours" ont toujours un coût important et augmentent
le prix de l'eau.
En été, et même avant, les barrages, les puits et
forages se retrouvent à sec, les nappes phréatiques en
bordure de mer sont polluées par les remontées d'eau saumâtre.
Les préfectures sont obligées de publier des arrétés
imposant des restrictions à certaines utilisations de l'eau.
En 2004, l'île de Porquerolles a connu cette pénible expérience
et a du être ravitaillé par bateau citerne. (lire
article de presse). Pour cette année 2005, le ravitaillement
par bateau a repris depuis le début du mois de mai à raison
de 6 voyages de 400m3 par semaine pour se terminer fin décembre
au prix de 11 euros le m3 soit un coût estimé pour la saison
de 670 000 euros !!!
Partout dans le monde, les fleuves transfrontaliers et leurs nappes
phréatiques sont des enjeux terribles qui commencent à
être source de conflits.
N'oublions pas
que le volume d'eau disponible sur notre planète est pratiquement
constant alors que le nombre d'êtres vivants ne cesse de croître.
Eh
oui, nous buvons toujours la même eau depuis des générations
et même ......
celle que buvaient, les dinausores, il y a quelques millions d'années
!!!!!
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